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Les riches heures de Fantasia
12 novembre 2013

Pense bêtes - Christophe Léon

Pense bêtes

de Christophe Léon

Le Muscadier – collection Place du marché – 2013

Quatre nouvelles bêêlles et tristes, férocement critiques, nous renvoyant à notre condition d'humains tout puissants mais tout aussi bêtes.

Examinons :

« Je suis une poule » met en scène un gallinacé sur sa feuille A4, d'abord enthousiaste à l'idée d'être productif et se moquant des anciennes, se découvrant ensuite une âme rebelle. Evidemment, la verdure en-dehors de l'usine aura un prix.

« Le zoo » raconte la visite d'une famille moyenne. Ils passent parmi les décors des Inuits, des Touaregs... autant d'espèces en disparition que l'on peut observer dans leur milieu naturel. C'est déjà passablement étrange ! Mais à la fin, père, mère et fils restent coincés dans un salon. On les équipe de porte-clefs, de tablettes, de peluches... Seraient-ils passés de l'autre côté du miroir ? :-)

« Bêbêbert 1er » est encore dérangeant. Au nom d'un idéal de liberté, un mouton fou s'autoproclame leader du troupeau. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il assoit son pouvoir de petit tyran. Allant jusqu'à récuser les moutons noirs, manger le chien de berger... Mais l'angoisse est là : comment faire durer son pouvoir ? La solution radicale illustre parfaitement le dicton de Panurge.

« Je suis un chien » s'empare de l'univers de la télé-réalité : Rex, un gentil réformé de la chasse, fait les frais (mortels) des amours fermiers de son maître. En une jolie boucle, le chien rencontrera la poule de la première nouvelle...

Modes narratifs soignés, construction serrée, fins brutales : Christophe Léon veut nous provoquer et nous faire réfléchir. Les problématiques abordées tiennent du bien-être animal à une époque de sur-consommation, mais aussi de la folie, de la bêtise, de l'emballement de nos sociétés humaines en général.

L'animal, observateur privilégié et à qui l'on donne ici le don de pensée et de parole, joue le rôle du naïf, qu'il soit critique des faits mentionnés ou (presque) abruti d'idéologie dominante. Et si l'humour pointe souvent le bout de son nez, on n'oubliera pas la charge accusatrice sous-jacente de chacune des situations. Des nouvelles au goût doux-amer que je n'oublierai pas rapidement... (dès 10/11 ans).

 

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