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Les riches heures de Fantasia
8 novembre 2013

L'envol - Rinsai Rossetti

L'envol

de Rinsai Rossetti

traduit de l'américain par Florence Schneider

(titre original : The girl with borrowed wings)

Albin Michel jeunesse – collection Wiz - 2013

Frenenqer Paje, dix-sept ans, est une enfant unique d'expatriés. Cela fait six années qu'elle vit – et qu'elle étouffe – dans un désert du Moyen-Orient. Son quotidien se divise, selon ses propres termes, en trois boîtes : le lycée, la voiture climatisée de son père qui vient la chercher, et la maison. Face à une éducation extrêmement stricte qui ne lui permet pas de s'exprimer, elle se réfugie dans les livres. Un jour, bravant l'autorité parentale, elle recueille un chat malade trouvé au souk. Elle le baptise Sangris, le soigne, et retrouve le lendemain un beau jeune homme aux yeux de félin à sa place.

Pour la remercier, il lui propose des promenades en sa compagnie à travers le monde : il est une « libre créature » aux ailes magiques, capable de se transporter où il veut. Après quelques hésitations, Frenenqer accepte, et expérimente une nouvelle autonomie, une identité où elle fait ses propres choix. Ses relations avec son père s'en trouvent insensiblement changées, mais, attirée par le charme de Sangris, osera-t-elle prendre son indépendance jusqu'au bout ?

C'est un « je » qui raconte au jour le jour, avec une façon presque plate d'accepter le merveilleux qui en devient saisissante : tout se passe comme si Frenenqer, dont on sait qu'elle bouillonne à l'intérieur, avait du mal à s'extasier même sur ce qui lui arrive, brimée qu'elle est par son père. L'éducation de cet homme froid et obsédé du contrôle va au-delà de la place de la femme dans un pays du Moyen-Orient. Non, Frenneqer doit fermer une porte sans la faire claquer pendant une demie-heure en guise de punition, Frenenqer doit surveiller la goutte du lait sous sa cuillère. Nous sommes dans le harcèlement moral, et la mère a rendu les armes.

Dès lors, le fantastique se mettra au service du réel. La libre créature Sangris, pourtant bien respectueuse, sera considérée comme folâtre par l'héroïne aux émotions bridées. Elle rejettera cet allié nouveau, ce potentiel objet d'attention. Car, Frenenqer ne se doute pas qu'elle a d'abord un chemin personnel à parcourir envers sa famille. Le pouvoir de l'amour s'y montrera bien supérieur à celui de la haine...

J'ai aimé le déroulement inattendu, les rôles respectifs joués par tous les personnages qui se découvrent parfois brutalement (il y en a peu). Les échappées de Frenenqer et Sangris sont autant de prétextes à des échanges amicaux, philosophiques ou amoureux, peut-être un peu convenus mais toujours dynamiques. La jeune auteure prend son temps pour développer son histoire, n'abuse pas de la féerie et creuse le portrait psychologique de son héroïne, entre révolte et soumission. La liberté est un possible qui se construit, semble-t-elle nous dire, et ce y compris en terrain hostile.

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