Ava préfère se battre - Maïté Bernard
Ava préfère se battre
De Maïté Bernard
Syros - 2013
Ava est de retour sur l’île de Jersey, prête à apprendre son métier de consolateur de fantômes avec la vieille Cecilia. Las, celle-ci ne l’aide pas beaucoup, alors même que certains fantômes critiquent la légitimité d’Ava. Aidé d’Harald, son ami le Viking de huit cent ans, Ava décide de se battre pour trouver et conserver sa place. Et entre deux réunions ou assemblées générales de chaque paroisse de spectres, elle va même trouver le temps d’un amoureux, le fils du vendeur de pizzas…
Fantasia avait beaucoup aimé le premier tome, et le deuxième serait presque meilleur ! Suivie par un narrateur externe si factuel qu’il en devient légèrement pince-sans-rire, Ava la timide, Ava la bien élevée et pourtant gaffeuse va se transformer d’un côté en leader politique menant campagne pour convaincre ses fantômes électeurs, et de l’autre côté en jeune fille en fleur savourant son premier baiser. Mais ce dernier aspect ne prime jamais sur l’atmosphère fantastique et son cortège de situations délicates et/ou amusantes : on apprécie la constance de l’auteure qui sillonne les belles îles anglo-normandes sur le vélo de son héroïne, et nous fait par exemple rencontrer le fantôme qui a bluffé Victor Hugo pendant plusieurs années.
Une enquête de type policier visant à résoudre des crimes de plus d’un siècle se mêle tout naturellement à l’ensemble, formant in fine un roman très bien tourné, écrit avec qualité et surtout accrocheur en diable (à mon goût). Il faut en effet se méfier du rythme un peu lent et de l’apparente bonhomie du propos : les fantômes aussi ont des cadavres dans leurs placards… La façon dont certains vont raconter leur mort sera d’ailleurs très touchante, en rappel avec la vie personnelle un peu compliquée (même si tenue à l’écart de Jersey) d’Ava, dont le père vient de découvrir son homosexualité.
J’ai vraiment refermé à regret cet ouvrage subtilement drôle, qui joue d’un environnement très particulier et d’un fantastique au second degré. Je veux la suite !