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Les riches heures de Fantasia
16 septembre 2013

Réseaux tome 1 - Vincent Villeminot

Réseau(x) tome 1

de Vincent Villeminot

Nathan – 2013

coeurs

Cèsar Diaz, alias Nada#1, vingt ans et millionnaire d'Internet, fait la pluie et le beau temps sur le réseau social DKB, DreamKatcherBook, où on ne parle que de lui. Il a inventé les PIFR, Play It For Real, événements sauvages qui donnent corps, dans différentes villes du monde, à des épisodes connus de jeux vidéos. Cèsar nargue la police, faisant passer ses ordres à son équipe et ses fans par le biais de la partie nocturne de DKB, soit MDP, MyDarkPlaces, un lieu où l'on raconte ses rêves et ses cauchemars sous forme de textes, de vidéos... Que ce soit la jeune Sixtine, victime d'onirisme prémonitoire, Maud, active participante à des grèves étudiantes, ou la commissaire Alice Kowacks de la brigade numérique chargée de surveiller le PIFR, personne ne reste indifférent à Nada#1... qui ne sait d'ailleurs peut-être pas lui-même qui il est vraiment.

La grande force de Réseau(x), c'est son ancrage dans notre monde moderne. Présentant DKB comme le successeur de Facebook, parlant de jeux vidéos déjà existants, il n'anticipe son action que dans quelques années. Et la façon terrifiante de naturel dont le lecteur s'approprie le DKB et ses subtilités le rend tout à fait envisageable (Vincent Villeminot devrait penser à le breveter). Or donc, ces réseaux sont devenus les lieux de cybercriminalité par excellence, piégeant tous les adolescents du monde et laissant loin derrière eux des policiers encore préoccupés par les frontières nationales, des responsables politiques qui piétinent.

Mais le pire – car l'auteur offre une vision résolument noire du brouillage entre écrans et réalité – aurait pu présenter quelques jolis aspects : Sixtine (SixieDREAMY) trouvait moyen d'exorciser ses démons sur MDP, Cèsar Diaz n'est au départ qu'un leader génial qui veut rassembler la jeunesse dans le jeu. Las, la nature humaine étant ce qu'elle est, Sixtine sera victime de vidéos où on filme la mort en direct tandis que Cèsar ne contrôlera plus sa sensation de pouvoir.

Ces quelques commentaires ne se rapportent encore qu'à une infime partie de ce roman très dense, sachant brosser les problématiques de notre monde hyper-connecté avec aisance et crudité. Tout ce qui est dit, on y croit et on le craint, dans une ambiance désespérante touchant même le vieux sage sans ordinateur ni portable, le commissaire Fanelli, atteint d'une maladie incurable...

Découpé chronologiquement en parties, en nuits (MDP), puis en heures puisqu'Internet permet de tout tracer, le récit touffu saute d'un groupe de personnages à l'autre, les faisant se rejoindre dans l'action pour mieux les séparer, abattre leurs illusions et les rejeter dans l'arène du monde réel. Les cent dernières pages ne sont que revirements, fausses pistes et distorsions qui mettent à mal ce que l'on lit et que l'on pense comprendre.

Tout se passe finalement comme si les réseaux engendraient de l'incompréhension, et de la solitude. Je cherche un envers positif que l'auteur aurait pu présenter au milieu de son décor sombre. J'ai du mal à le trouver... si ce n'est cette matière intense, toute prête, et dont la littérature a su ici s'emparer à la manière d'un thriller. Brillant, fascinant, effrayant. (A lire à partir de 14/15 ans)

réseauxVilleminot

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Commentaires
B
il m'attend à la maison. après ton coup de coeur j'ai encore plus envie de l'ouvrir
L
Je suis moyennement tentée par ce livre, mais si c'est un coup de coeur pour toi ... ;-)
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