Féroce - Jean-François Chabas et David Sala

Féroce

De Jean-François Chabas

Illustré par David Sala

Casterman – 2012 

« Pour peu qu’on soit d’un fragile caractère, on grandit en imaginant ce que les autres nous renvoient. Les sentences nous sculptent. » 

Fenris est un louveteau pas comme les autres : les yeux et le pelage rouge, des grandes dents qui ne peuvent pas téter sa maman, un air féroce à son insu… Il est vite rejeté de sa fratrie, puis de sa meute. Et à force d’être malaimé, le jeune loup devient réellement méchant, bagarreur, tueur. La forêt entière le craint. Et puis un jour, une petite fille qui cueillait des fleurs s’adresse à lui de toute sa naïveté d’enfant : a-t-il une conjonctivite ? Mal aux dents ? Peur des filles ? Elle adopte l’animal estomaqué puis subjugué. On croise encore l’étrange couple au détour d’une clairière…

Il y a le texte de Jean-François Chabas, conte envoûtant et frissonnant, plein d’une profonde sagacité, et qui plouf, abruptement, casse ses effets pour suivre l’esprit enfantin de la fillette et nous faire sourire. On pense évidemment à La Colère de Banshee, mais la fin se fait ici plus adulte, envisageant un amour homme-animal hors normes.

Il y a les illustrations de David Sala, à la minutie de surdoué, et ses illustrations tout en points, pointes, arabesques et ronds. Il joue du rouge chaud et du bleu froid avec virtuosité, n'oubliant pas les nuances de toute une galerie de mauves. Klimt est toujours proche, tandis que traits fins tourbillonnants et peinture classique se mêlent avec bonheur. Le pelage du loup est une merveille de tourmente, de complexité qui reflète bien sa psychologie, d’ailleurs.

Il y a la fabrication soignée de ce format à l’italienne, alternant pages simples (texte d’un côté, illustration de l’autre) et pages à déplier en haut ou sur le côté – avec un petit décalage pour que la page retrouve bien sa place et ne se froisse pas. Dans ce deuxième cas, magie de l’impression, on peut toucher des dessins fins ivoire sur la page blanche pas encore ouverte : végétaux et éléments du loup s’entrelacent dans un sentiment d’attente chez le lecteur.

Il y a un album fantastique, un merveilleux coup de cœur dans le fond et dans la forme, et un duo d’artistes à ne pas manquer.

Comments

[Fantasia]

Je me souviens d'une invitation dans ma bibliothèque, il y a trois ans, de David Sala qui était venu avec de magiques originaux... Par contre, je n'avais pas bien eu le temps de discuter avec lui...

[bouma]

encore sur ma table de chevet, mais pas encore ouvert pour conserver le souvenir de ma rencontre avec David Sala au SLPJ

[Liyah]

Un très bel album que j'ai aussi beaucoup aimé. L'édition est très soignée aussi !

[Fantasia]

> Bauchette : hi hi ! Oh ben oui quand même ;-) Non, je dirais que tu es puriste. Je crois que je n'ai remarqué ce détail qu'à la fin, de mon côté.

> Lili Miaou : tu devrais la voir chez le vétérinaire...

[Lili Miaou]

Hi hi par contre Fantasia a pas l'air féroce du tout sur la photo... ;-)