les Fleurs parlent - Jean-François Chabas et Joanna Concejo
Les Fleurs parlent
de Jean-François Chabas
illustré par Joanna Concejo
Casterman – collection Les Albums Casterman - 2013
Mauve, blanche, rouge. Tulipe, oeillet, pivoine. Jean-François Chabas nous parle des fleurs, de la signification que nous leur avons donnée, et de leurs relations à l'homme.
Dans la Hollande du XVIIème siècle, un homme crée la plus fabuleuse tulipe de tous les temps. De passionné il devient paranoïaque, et la crainte d'un vol le fait errer sur les routes. Jusqu'à ce qu'il se persuade que la fleur est animée d'intentions maléfiques, et qu'il ne la replante dans un sous-bois. Elle s'épanouira alors pour d'autres...
Deux jeunes Indiens nés le même jour grandissent dans l'incompréhension : le plus fort a fait du plus faible son faire-valoir, dans une inextricable relation malsaine. La rencontre avec un ours tout juste réveillé pourrait bien changer la donne, et sceller une entente autour de l'échange d'un oeillet.
Une jeune fille aussi belle et intelligente qu'égoïste, un jeune homme, incarnation de la joie sans méfiance et amoureux transi. Selma le repousse durant des années, Gunnar ne se lasse pas. Et puis la première ride se forme sur le front de la belle. Elle se décide enfin. Trop tard... Les non-amants se rejoindront dans l'éternité, sur un lit de pivoines orgueilleuses.
Racontés dans une belle langue qui redonne en quelques aphorismes bien choisis toute sa place à la nature et au temps qui passe. Ces trois histoires qui s'apparentent à des nouvelles n'oublient pas d'être cruelles. Ou comment la beauté peut détruire des vies... Celle du milieu pourrait être un conte, nous expliquant pourquoi l'oeillet, dans le fameux « langage des fleurs » représente l'amitié. Les deux autres brodent autour d'un sens déjà supposé, variations intenses dont on attend les chutes avec fébrilité.
Mêlant crayon noir fin et d'autres de couleurs plus vives, les illustrations de Joanna Concejo apportent la touche d'un carnet de botaniste, se piquant encore d'intégrer l'histoire en quelques détails, comme un prolongement du dessin scientifique. Last but not least, l'écrin d'un format tout en hauteur finalise l'intention délicate et brutale à la fois de cet ouvrage qui marquera son lecteur, dès 10 ans.
« Malgré sa triste condition, Mnutik avait au cœur la joie de l'éveil du monde, qu'il partageait avec les animaux. Celui qui vit au cœur de la nature n'échappe pas à ses humeurs, et nul être ne peut demeurer indifférent à l'élan de vie qui exulte. » (p. 30)