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Les riches heures de Fantasia
22 juin 2011

Sako - Martine Pouchain

Sako

De Martine Pouchain

Oskar éditeur – juin 2011

9,95 euros

 

Sako n’a pas dix ans mais plusieurs vies derrière elle : née au Mali, elle a d’abord perdu son père, puis sa mère a décidé de venir en France. Sans papiers, les deux femmes doivent sans cesse se déplacer. Pour cet été, une association leur a trouvé une caravane – complètement illégale, mais un toit quand même. La mère empile les petits boulots au noir, Sako reste enfermée. Elle rêve tantôt à son pays chéri, tantôt à l’école et sa future carrière de médecin. De l’autre côté de la haie, une vieille femme, Mado, s’ennuie dans sa grande maison, observe le campement et le beau sourire de Sako. Ces deux-là étaient faites pour se rencontrer, et apprivoiser leurs solitudes respectives.

 

Quel joli petit roman sensible sur des thèmes malheureusement inépuisables… Martine Pouchain réussit à mêler des volets d’actualité (l’immigration, la vieillesse) et de fines trajectoires individuelles afin de faire valser les sentiments du lecteur. Les courts chapitres suivent le « je » intérieur de Mado, de Sako ou encore plus succinctement celui de la mère de la petite fille. En compagnie de chacune d’elles, on va croiser des événements identiques. Et, selon leur âge, leur situation, leurs besoins, les héroïnes ont, encore plus que des points de vue, des longueurs d’ondes tout à fait différentes. Ainsi Sako ne se rend pas vraiment compte de la détresse de Mado la Française, tandis que la vieille dame n’imagine pas la pauvreté du Mali. En se côtoyant, les personnages agissent alors intensément les uns sur les autres sans le savoir : de là naît l’émotion forte de l’intrigue, histoire d’amitié par ailleurs tout à fait simple.

 

Pourtant, cette rencontre est un peu celle de la carpe et du lapin ; D’un côté, Mado ressasse ses vieux jours, se trouve laide, ne sort plus de chez elle. Elle se méfiera d’abord (un peu) des étrangers qui envahissent le terrain près de chez elle, avant de tomber littéralement sous le charme, puis la dépendance, de la bonne humeur inébranlable de Sako. De l’autre côté, Sako l’enfant nous bluffe par son inconscience fonceuse qui lui permet  de défier les malheurs, par sa sagesse naïve aussi, et sa proximité joyeuse avec la nature. Elle est en train de lire Robinson Crusoé, Mado l’initie à la poésie ; Sako nous livre régulièrement ses impressions critiques, toujours en rapport indirect avec sa situation : « J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée » (Eluard). Joli… Le rapprochement de la vieille et de la petite se fait avec douceur mais sûrement, en passant encore par quelques autres éléments fixes : le géranium qui ne veut plus fleurir, la réalisation de crêpes ou de confitures, etc.

 

Bien qu’en retrait (effet un peu curieux mais choix narratif logique), la mère est aussi celle par qui tout arrive et va se décider. Elle est la seule à raconter brutalement quelques dures réalités et angoisses de sans-papier, plongées froides qui donnent davantage de réalisme au roman. Avec elle, on évite le bain de bonheur douillet entre Mado et Sako et on remet en perspective l’ouvrage. Mais on ne peut quand même pas s’empêcher d’imaginer une fin heureuse, alors qu’elle n’est qu’ouverte…

 

 

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Commentaires
L
Bonjour en se moment je lis SAKO je trouve se livre passionnant ! C'est pour le Collège , se lui ou celle qui lis le plus de livre a gagné ! J'ai commencé par Sako , sa couverture avec c'est si belles couleurs et le résumé de la dernière couverture ma donné encore plus envie de le lire , je n'ai pas hésité une seconde pour le prendre !
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