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Les riches heures de Fantasia
3 juin 2011

J'ai embrassé un zombie (et j'ai adoré) - Adam Selzer

J'ai embrassé un zombie (et j'ai adoré)

D'Adam Selzer

Traduit de l'américain par Cécile Moran

Albin Michel jeunesse – collection Wiz – mai 2011

13,50 euros

 

Alley vit près de Des Moines (Iowa), dans une petite ville qu'elle attend de quitter pour la fac de Seattle. Critique musicale pour le journal du lycée, elle cultive un style cynique et refuse de se lier à un garçon. Arrive Doug, le beau Doug à la voix si douce et aux goûts si sûrs en matière de chansons. Alley tombe amoureuse avant de réaliser qu'il est... un zombie. En effet, la Terre est entrée quelques années auparavant dans sa phase post-humaine : loups-garous, vampires et autres créatures surnaturelles ont fait leur coming-out et partagent maintenant ouvertement la vie des humains. Alley va devoir décider si elle veut devenir zombie à son tour.

Le titre provocant laisse présager une légèreté creuse ou une lourdeur vulgaire. J'étais donc circonspecte au départ. Or, surprise, le roman s'est heureusement révélé un peu plus qu'une variation sur des sujets vendeurs. On trouve bien un aspect provocant dans la façon de s'exprimer de la narratrice Alley : expressions « djeunes » (un peu pénibles au début) et langue de vipère. Elle se veut mordante, elle n'est qu'adolescente. Les préoccupations des personnages tournent essentiellement autour du sexe opposé - ou pas, le contexte est moderne -, du bal du lycée. Du connu et pas du plus fin, passons.

Paradoxalement, c'est l'introduction du thème des zombies et consort qui va apporter un vent de fraîcheur sur l'ensemble. Différents des autres, ces êtres amènent avec eux le thème de la discrimination, négative ou positive. Se montrer avec un vampire devient tendance, les zombies se font exploiter par une chaîne de grands magasins... C'est évidemment drôle, mais aussi malin, et même intelligent ; l'auteur aurait d'ailleurs pu creuser davantage cet aspect. A l'exception du fluide d'embaumement ingurgité par Doug toutes les quatre heures, il a la justesse de ne pas trop insister sur les particularités physiques de ses protagonistes. Tout tourne autour des relations entre humains et post-humains au sein de la société. La présentation de Doug aux parents d'Alley est un modèle du genre, choc de deux mondes au cours duquel chacun a la délicatesse de s'adapter, un peu gêné. Le projet de « conversion » en zombie qui trotte dans la tête de l'héroïne s'apparente également à une question de religion, et on retrouve l'idée actuelle de couple mixte.

J'ai embrassé un zombie (et j'ai adoré) offre donc un moment de lecture détente agréable, sur fond faussement fantastique car reflet de nos travers contemporains. J'ai apprécié la fin inattendue à la Roméo et Juliette qui évite le second tome : Adam Selzer nous montre qu'il maîtrise son intrigue en se permettant la casser comme il le souhaite. Seul regret, l'écriture vraiment trop orale et facile, malgré les nombreuses références culturelles d'Alley la fine mouche...

zombie

« Il y a longtemps, Trinity et moi, on a dressé une liste des catégories de garçons avec lesquels il ne faut jamais sortir. On continue de la compléter de temps en temps. Par exemple, nous conseillons d'éviter ceux dont l'ordi coûte plus cher que la voiture (sinon vous n'arriverez jamais à attirer leur attention sauf par le biais de messages instantanés), ou ceux qui ont des lézards de compagnie (ils réclament probablement des trucs bizarres au lit). Nous recommandons de ne jamais, sous aucun prétexte, accepter de deuxième rendez-vous avec un garçon qui a prononcé le mot 'mariage' dès le premier (vous pouvez être sûre que c'est un fils à sa maman, ou un fanatique religieux). » (pp. 66-67)

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Commentaires
R
Je l'ai lu pour me consoler des Hunger Games 3, et j'ai bien ri ! Très sympa.
F
>Liyah : Pêchu et léger... ils ont bien fait de le sortir avant les vacances d'été !
L
Encore un livre qui me tente bien ! A lire à l'occasion !
F
>Bouma et Tiboux : le roman cache en effet bien son jeu, même s'il ne faut pas en attendre des miracles ! Moi aussi la couv' me faisait fuir, mais je l'avais en main, alors hop j'ai essayé et j'ai continué. Seul reproche d'importance, l'écriture vraiment relâchée - je suis vieux jeu...
T
Pas trop fan de la couverture mais l'histoire à l'air sympa ! A voir si j'ai l'occas' de le lire ;)
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