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Les riches heures de Fantasia
24 janvier 2011

Wizarbakery.com

Le narrateur vit avec son père, sa belle-mère qui ne le supporte pas et la petite fille de cette dernière. Peu à l’aise chez lui, le jeune homme passe beaucoup de temps dans une pâtisserie au coin de la rue. Le jour où sa belle-mère l’accuse d’avoir violé sa demi-sœur, il s’enfuit et est recueilli par le pâtissier et sa vendeuse, Oiseau-Bleu. Notre héros découvre alors les pouvoirs magiques de l’artisan, et son site de vente en ligne, wizardbakery.com.

En voilà un roman pas banal !      smileys_coeur

Deux tonalités s’entrechoquent : d’un côté le merveilleux avec les gâteaux enchantés, la jolie Oiseau-Bleu, des références régulières à des contes occidentaux, de l’autre le réalisme de la famille recomposée, voire le sordide avec le viol. Elles s’imbriquentnaturellement et  joliment pour une histoire à l’atmosphère moderne, vaguement délirante mais à l’accent toujours sincère. La Wizard Bakery m’a souvent fait penser à Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl… tandis que le passé du héros rappelle fugacement Les Bébés de la consigne automatique de Ryu Murakami (en français chez Picquier, 1996) !

Autre point notable, les personnages ne sont pas complètement sympathiques. Le sorcier se révèle bougon, inflexible, et à la limite misanthrope. Les parents du narrateur ne s’intéressent qu’aux apparences, cachent soigneusement leurs secrets et leurs haines. Le héros lui-même reconnaît ses fêlures et ses réactions d’indifférence, de fuite face aux difficultés de la vie. Oiseau-Bleu serait bien la seule pour tempérer ces belles personnalités, mais elle n’est pas humaine…

Le temps du roman est complètement déconstruit : des faits brutaux, qui font avancer l’action, devancent largement leurs explications, des souvenirs cruciaux interrompent le présent, et le lecteur se voit même proposé plusieurs fins… cette façon de procéder par pauses et accélérations happe totalement l’attention. Que ce soit le récit de vie poignant du narrateur ou les successions d’événements étranges à la boutique du pâtissier, le lecteur aura du mal à quitter sa page. Alors, quand les deux se rejoignent, on frémit !

L’auteure, qui n’aime pas les gâteaux, est née en Corée en 1976. Les Petits Pains de la pleine lune est son premier roman.

Les Petits Pains de la pleine lune

De Gu Byeong-mo

Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel

Picquier jeunesse – janvier 2011

17 euros

    

IMG_5205    untitled

      

Un Oiseau-Bleu ? Où ça ? Où il est l'Oiseau-Bleu ? J'lai pas vu on m'a rien dit...

Un petit extrait :

« Le produit que la fille en uniforme avait acheté en ligne était le fameux biscuit du diable à la cannelle. Le premier jour des contrôles de fin de semestre, elle avait formulé son vœu et offert le biscuit à une camarade de classe qu’elle admirait et en même temps jalousait pour ses bonnes notes. Au cours du deuxième contrôle, sa victime commença à souffrir de douleurs abdominales si insupportables qu’elle répondit à côté à tous les QCM, alors qu’elle en connaissait parfaitement les réponses. » (p. 69)

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Commentaires
F
Ce roman est un gros coup de coeur de début d'année : j'ai rarement lu quelque chose d'aussi original !
G
ahhh il n'a pas l'air commun celui-là, effectivement, à voir!
Les riches heures de Fantasia
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