Chroniques de la mort blanche tomes 1 et 2 - Nicolas Cluzeau
Chroniques de la mort blanche
Tome 1 : Avant les ténèbres
Tome 2 : Noir Saphir
De Nicolas Cluzeau
Galapagos – 2012
Le royaume d’Orlandie est menacé. D’une part, tous les êtres qui exercent de la magie sont victimes d’une mystérieuse maladie sous forme de plaques blanches, et leur abstinence quant à leurs pouvoirs remet en cause l’économie et la sécurité du pays. D’autre part, le jeune seigneur Endrew, de la marche jaurgrynn, s’est mis en tête de fédérer sous son autorité tyrannique les différentes marches qui composent l’Orlandie. Nous suivons en parallèle un groupe de magiciens qui tentent de comprendre l’origine de la mort blanche, la jeune Deirdre, héritière de la marche radléàrhe, qui va se révolter contre Endrew, et le petit despote lui-même. On comprend bientôt que ce dernier est de mèche avec un certain Maerlar, super démon décédé et qui se ressuscite dans des corps vivants. Maerlar pourrait bien avoir aussi un rapport avec la mort blanche…
Difficile de résumer davantage sans entrer dans les détails, justement, ces deux tomes de fantasy touffus. Nicolas Cluzeau, du haut de son narrateur externe, fait progresser habilement une action dense et intense, alternant et les groupes de personnages, et des épisodes précipités ou de repos. Il y a des (nombreux) héros favoris, mais chacune des moindres figures reste soignée, avec une psychologie juste, suggérée souvent en quelques mots. Je connaissais l’auteur pour ses romans dans la collection Courants Noirs chez Gulf Stream, et j’ai constaté avec un petit plaisir jubilatoire qu’on retrouvait ici certains de ses thèmes favoris, mêlés à un fantastique inventif. Je pense par exemple aux scènes de batailles navales, vues dans Lame de corsaire, et tout aussi travaillées dans ces Chroniques. Mais la dureté des événements (on perd pas mal de compagnons en route, pas des moindres) et la folie d’Endrew évoquent un peu les Chasses Olympiques, tandis que les jeux politiques – chez les hommes et chez les magiciens – m’ont rappelé Rouges Ténèbres. Toutefois, les Chroniques ont un petit charme en plus : l’humour. Presque caché, un peu noir, à décrypter dans le contexte, il vous fera sourire au moment le plus dramatique, quand vous ne vous y attendez pas. Ajoutez au cocktail une place prépondérante donnée aux femmes, et vous aurez une petite idée du ton pas comme les autres de cette série à découvrir. Dans mon petit inventaire personnel, Nicolas Cluzeau et sa moyenne de dix idées par minute tout en retombant sur ses pattes demeurent toujours inclassables : c’est parfait !
« Mais la reine-sorcière avait déjà disparu. Le saphir noir lui à nouveau d’une lumière rouge sang, porteur d’une ineffable mélancolie. Maerlar gronda, en proie à un chagrin qu’il n’imaginait plus pouvoir ressentir. Le nécromancien resta seul, silencieux. En compagnie de ses immondes vers gras. » (tome 2, p. 324)
Merci aux éditions de l'Archipel et au label Galapagos de me permettre de suivre des auteurs qui ne cessent de m'intriguer !