Le Monde dans la main
De Mikaël Ollivier
Thierry Magnier – septembre 2011
15,50 euros
A l'occasion de ses seize ans, Pierre renouvelle les meubles de sa chambre chez Ikea. Chouette cadeau pour ce lycéen versaillais bon teint, gentil, catholique et passionné de piano. Mais voilà, c’est aussi le moment où sa mère part de la maison. Brusquement, brutalement, elle quitte le parking sans retour. Le père s’effondre, la famille maternelle s’insurge. Entre les deux, Pierre essaye de comprendre, un peu, et d’exister, enfin. Le temps d’un été entre Versailles et Dinard, il va découvrir les histoires de couples et de hasard, les secrets amoureux aussi, de sa famille. L’air de rien, Pierre prépare son avenir.
Instinctivement, je dirais de Mikaël Ollivier que c’est un écrivain des sentiments ; lui se préfère en « raconteur d’histoires ». Disons alors que sur des trames toujours captivantes, il pose des héros tourmentés. Le Monde dans la main correspond parfaitement à cette définition. Le narrateur Pierre, justement parce qu’il est solitaire et introverti, sait exprimer ses émotions et deviner celles des autres. Avec lui se dessine un arbre généalogique à la fois banal et personnel, mais indispensable à sa construction d’adolescent. Le roman pourrait s’arrêter là, oublier la mère fugueuse. Un dernier rebondissement, complètement inattendu, remet les caractères des personnages en perspective et finit de donner une totalité au puzzle familial. Sans renier les précédents écrits de l’auteur, on peut dire sans trop se tromper qu’il atteint ici une maturité, une densité toute en sobriété.
« Brusquement, j’ai eu envie de partir, de rentrer à la maison, de travailler mon piano, de faire mes devoirs. De revenir à ma vie de lycéen, à mes petits soucis et frustrations d’adolescent, de refermer les failles qui, depuis quelques jours, me laissaient entrevoir des pans de vie insoupçonnés, des seconds plans, les doubles fonds de l’existence. Une vie plus grande et plus périlleuse qu’il n’y paraissait. » (p. 97)