Uniques au monde

de Keith Baker

Circonflexe – 2012

Le détail diabolique...

L'illustration, simple et douce en peinture, capable de recréer de jolis paysages hivernaux, séduit d'abord l'oeil. Quand on s'approche, ses petits défauts (le tronc d'arbre est un peu grossier) la rendent touchante. Et puis, les deux personnages, des oiseaux rouges qui s'amusent, donnent envie de les suivre. Ils volettent, tout à leurs petites occupations, tandis qu'une voix qu'on dirait off (le texte), commente leur avancée sur le thème de la ressemblance et de la différence.

Il faut dire que nos zoziaux sont comme des jumeaux – suivez bien, c'est là que ça se joue. Et donc, les flocons, les nids des amis, les feuilles des arbres, les routes enneigées, etc, sont presque identiques, ce que nous montre chaque double-page. Fort bien, le lecteur comprend, et cela n'empêche pas nos inconscients héros de rigoler comme des petits fous dans la neige. Et puis, sur la dernière page, les voilà qui s'envolent et jouent à la course, et qui perdent chacun une petite plume de leur queue.

Et c'est là, précisément là, que Fantasia se réveille ! Car oui, on pouvait en fait le noter dès la première page, nos jumeaux ne le sont pas vraiment. Le détail est diabolique, on a failli le louper. Il donne alors tout son sens à cette interrogation filée que je commençais à trouver un peu longuette : « Sommes-nous tous semblables, tous pareils ? Nous le sommes presque... ».

Du coup, on obtient un album peut-être lent, mais plutôt rusé puisqu'il joue justement de notre aptitude à nous laisser endormir. Après, charge à l'adulte qui accompagne l'enfant de prolonger cette réflexion sur l'inoxydable thème de la différence...

Uniques au monde - Keith Baker

Partager cet article