Le miroir brisé - Jonathan Coe et Chiara Coccorese
Le miroir brisé
de Jonathan Coe
illustrations de Chiara Coccorese
traduit de l'anglais par Josée Kamoun
Gallimard jeunesse - 2014
Evidemment, je m’attendais à tout sauf à ça : c’est à chaque fois la même chose avec Jonathan Coe. Le miroir brisé est une parabole, illustrée avec une fantaisie moderne qui n’en épuise cependant pas le sens. Petite fille, Claire (le prénom n’est sans doute pas anodin) trouve à la décharge un morceau de miroir brisé. Ce qu’elle y voit magnifie le réel selon sa propre imagination. La maison devient palais, la ville jungle et féerie… Claire prend l’habitude d’emmener le miroir partout avec elle.
Puis elle grandit. Ses parents vont divorcer. Elle se trouve un peu grosse, a des boutons. Comme s’il suivait l’état d’esprit de l’adolescente, le miroir se ternit, offre moins de possibles. Arrive Peter, garçon que Claire trouve un peu fade. Lui aussi possède un bout de miroir brisé. Il convainc Claire de l’accompagner à une réunion nocturne, et… l’espoir s’invite à nouveau dans le cœur de la jeune fille. (Je ne vous en dirai pas plus, mais ne vous faites pas de fausses idées).
L’intention est limpide, le propos très contemporain, soutenu par la concision et la simplicité de l’écriture. L’air de rien en cent pages, Jonathan Coe nous parle de crise sociale, de sentiments volatiles, du fait de grandir et in fine de vivre ensemble. Et sur ce fond d’une grande rigueur, les images fantasmagoriques, mélange étonnant de différentes techniques, de photographies transformées, font absolument mouche. Les émotions du lecteur s’intensifient au fil de cette histoire exemplaire faite de douce folie et de réalisme total : à lire le coeur brisé mais pas trop ! (Dès 12/13 ans, mais il y a tellement de niveaux de compréhension...)
De la bibliothèque devenue centre commercial... : « Etait-ce l’aspect qu’offrait la bibliothèque autrefois ? Ou bien était-ce l’image d’une bibliothèque telle qu’elle devrait être ? En d’autres termes, le miroir avait-il de la mémoire ou bien de l’imagination ? »