La Fille qui ne croyait pas aux miracles - Wendy Wunder
La Fille qui ne croyait pas aux miracles
de Wendy Wunder
traduit de l'américain par Raphaële Eschenbrenner
Hachette – collection Black Moon - mai 2012
Campbell est atteinte depuis des années d'un cancer. Originaire des îles Samoa, la jeune fille vit en Floride avec sa sa petite sœur aussi blonde qu'elle est brune, et sa mère un peu fantasque, danseuse à Disneyland. Les traitements que Cam a suivis ont échoué les uns après les autres. La mère décide alors de s'en remettre aux miracles et emmène sa petite famille dans le New Jersey, à Promise, ville de tous les possibles... Absolument pas convaincue, Cam est bien obligée de reconnaître que sa santé s'améliore. Elle rencontre un garçon, coche sa liste de choses à faire avant de mourir... Jusqu'à quand la félicité va-t-elle durer ?
Si le roman se structure plus ou moins autour de la fameuse liste – les vœux de Cam sont ceux de toute jeune fille de son âge –, il suit également une sorte de métaphore filée autour de la notion d'espoir, de foi en la vie. L'héroïne et narratrice n'a pas exactement baissé les bras, mais décidé d'être réaliste avec elle-même, tout en ménageant un répit pour ses proches qui veulent encore y croire. Et au stade où Cam est arrivée, l'espoir réside en un miracle désespéré. Les flamants roses échoués dans la mare gelée, Tweety le canari qui fait le voyage de Chicago à Promise, le petit chiot Bart que la vétérinaire voulait euthanasier, les tomates qui poussent en une seule nuit... : une sorte de jeu s'opère autour de menus événements (tous liés à la nature, d'ailleurs) que Cam manipule ou qui la manipulent, et font en conséquence osciller son humeur de manière contradictoire.
C'est très finement fait, avec sensibilité sans tomber dans le pathos, nuancé à un point tel que le lecteur se rend à peine compte des changements qui s'opèrent chez l'héroïne. Les affects des proches sont eux esquissés dans les dialogues, puis repris par Cam qui, pourtant d'une extraordinaire maturité et lucidité, finit souvent par perdre de vue l'amour qu'on lui porte. La relation avec le beau Asher, lui aussi blessé par la vie, aurait pu virer à l'exercice de style. Au contraire, elle se développe doucement, dépassant la surface du cœur de Cam à son corps défendant, mais sans idéalisme non plus... La fin déchirante et douce achève de convaincre : La Fille qui ne croyait pas aux miracles est un très beau roman sur la maladie et le deuil, équilibré et juste.
Très jolie couverture... Larmes ou petits diamants qui vivent éternellement ?