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Les riches heures de Fantasia
8 mai 2012

La Chanson de Richard Strauss - Marcus Malte et Alexandra Huard

 La Chanson de Richard Strauss

de Marcus Malte

illustré par Alexandra Huard

Sarbacane – avril 2012

Deux petits garçons sont amis. Ils habitent le même immeuble, et partagent tout : billes pour jouer, blouses de l’école, bleus sur les genoux… Mais l’atmosphère du quartier devient de jour en jour davantage irrespirable, comme le chante une vieille dame à sa fenêtre, et comme le martèle une radio agressive. Richard, l’ami du narrateur, a peur et refuse de sortir dans la rue. Un matin, sans prévenir, les soldats arrivent et le garçonnet disparaît avec toute sa famille. Notre ami esseulé récupère le chien – noir et blanc, joli mélange – de Richard Strauss.

De ce dernier, on ne retiendra pas l’homonyme célèbre, mais la consonance juive de son nom. Quoique, il est bien question de musique, puisque le narrateur joue du violon et que, guidé par les paroles prémonitoires de la voisine, il compose ici une chanson en l’honneur de son ami, poétiquement parti rejoindre les étoiles. Rien n’exprime jamais clairement le génocide juif, et ce sont les images, immenses dans cet album étroit, qui nous disent les choses par leurs nombreux détails, réalistes ou symboliques. C’est une boutique fermée et marquée de la croix gammée, c’est un ciel rempli de chars et de soldats à la langue de vipère, ce sont encore des ombres et des fumées qui s’étalent, envahissent le quartier. Les immeubles montent de guingois, se rapprochent pour suggérer la menace grandissante, jusqu’à l’apothéose d’une aube bleue, où notre « chanteur » se réfugie dans les bras maternels, hésitant à comprendre l’horreur qui se joue derrière la porte.

Alexandra Huard nous avait beaucoup amusés avec La Chose, elle prouve ici que son dessin vif, coloré, paradoxalement moderne, s’accorde aussi très bien à rendre le drame. Quant à Marcus Malte, en quelques mots et quelques rimes qui disent l’innocence perdue de l’enfance, il sait nous faire frémir mieux que des longs discours. Il ne manque donc plus qu’une chose à cet hommage mélancolique : un CD, une mise en musique...

 

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14/20

 

 

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Commentaires
F
Moi aussi, j'ai un peu de mal avec tout ce qui tourne autour de la Seconde Guerre Mondiale : la production est importante, et j'ai toujours un peu l'impression que l'on va banaliser à trop dire... D'autres penseront qu'il vaut mieux parler, parler dans un devoir de mémoire... c'est un peu délicat tout ça.
L
Ouh làlàlàlàlà. Mais je ne l'ai pas vu. Je l'ai complètement zappé. Remarque encore une fois, tu me sauves. J'avais découvert par chez toi La Chose. Alors j'ai été vite captivée par ton billet. Bon d'habitude j'ai un souci avec tout ce qui évoque le génocide juif (du moins en littérature adulte et jeunesse) mais l'approche de cet album et les illustrations d'Alexandra Huard finissent de me convaincre.
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