Un Amour de geek - Luc Blanvillain
Un Amour de geek
De Luc Blanvillain
Plon jeunesse – octobre 2011
16 euros
Thomas, grand amateur de jeux en ligne sur lesquels il passe plusieurs heures par jour, est dingue d’Esther, cavalière émérite ne vivant que pour la nature. A la façon de l’amour courtois, la jeune fille propose à Thomas une épreuve : ne plus toucher à un ordinateur pendant un mois. Thomas sera surveillé par sa jeune sœur Pauline. Au départ très motivé, il doit bientôt faire face à des difficultés : les ennuis qu’un Latreille jaloux veut lui causer au lycée, et l’attitude plus qu’étrange de sa mère. Dans les deux cas, une connexion l’aiderait à comprendre bien des choses…
L’histoire, ou plutôt les histoires, sont bien suivies : des amours qui naissent, se défont et recommencent, un univers scolaire impitoyable, des relations familiales subtiles. Avançant en alternance, s’imbriquant avec naturel, elles tiennent en haleine sans abuser d’effets faciles. Les garçons sont ballots (y compris le narrateur Thomas), les filles exigeantes et les adultes cachent bien leur jeu. Bref, tout est à sa place, maîtrisé, à la fois drôle et doux-amer.
Mais le vrai bonheur de ce roman tient dans son écriture. Luc Blanvillain a la plume caustique, le verbe haut et la métaphore facile. On flirte parfois avec le « trop » qui nuirait à la continuité de l’intrigue, et oui, il y a quelques termes vulgaires – comme dans la vie… -, mais au final, l’équilibre d’un savoureux rire ironique se fait toujours. On aime ou pas ; j’adore, tant cette verve ressemble bien à la jungle sans pitié de l’adolescence, et aussi à la fameuse génération Y. L’épisode hilarant où la collégienne Pauline s’inscrit faussement sur Meetic n’est pas piqué des vers…
Donc, il ne faut pas s’arrêter au titre racoleur, mais plonger avec plaisir dans cet exercice littéraire à l’envers. Et profiter, par derrière, de tranches de vie moderne dans lesquelles vous reconnaîtrez bien un bout de vos années lycée !
« -Tu as entendu parler de l’amour courtois ? Il se rappela confusément Mme Cigognac, la prof de français de cinquième, qui leur expliquait des trucs chiants et compliqués sur le Moyen Age, des textes en vieux français avec des mots écrits n’importe comment, et des descriptions cucus de gentes dames. Genre version pour mômes de Dofus. » (p. 40)