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Les riches heures de Fantasia
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12 octobre 2011

Penelope Green : la chanson des enfants perdus

Penelope Green tome 1 : La Chanson des enfants perdus

De Béatrice Bottet

Casterman – septembre 2011

15 euros

Dans le Londres de la fin du XIXème siècle, Penelope vient de perdre son père, fameux journaliste d’investigation. Elle se retrouve orpheline et émancipée, situation atypique pour une jeune fille de sa condition. Déjà formée à la documentation, Penelope décide de reprendre une vieille affaire policière entamée par M. Green, « 21 Foxglove Court » : une location abandonnée par une mystérieuse société de gentlemen, suite au meurtre d’un jeune homme. Elle plonge dans les bas-fonds de Londres, rencontre un beau marin français - Cyprien -, se lie d’amitié avec un musicien handicapé et sa bande d’enfants des rues… La réalité sordide de l’enquête lui apparaîtra malheureusement trop tard pour en sortir complètement saine et sauve. 

Suivie par un narrateur externe qui décrypte toutes ses pensées, la jolie Penelope entre dans la longue sororité des héroïnes volontaires et courageuses, qui portent leurs aventures avec un sens inné du flamboyant. Enfin, courageuse… Notre Sherlock Holmes en jupons est surtout inconsciente, et elle adoptera vite Cyprien comme garde du corps et assistant. Au risque de choquer tout le voisinage, elle l’héberge chez elle. La demoiselle est subtile, complexe. Lors de son enquête, si elle se mêle aux miséreux, elle garde toujours une distance d’observateur attentif (de future journaliste), voire, et c’est plus délicat, de bourgeoise surprise. Résultat, on la suit avec intérêt mais sans qu’elle nous touche vraiment : elle impressionne davantage, petite fée futée qui fait ce qui lui plaît. J’ai par exemple préféré Cyprien, prudent et affectueux, rodé à tous les environnements et sans préjugés de classe.

Quant au fin mot de l’intrigue… Pfiou, les explications en des parcours croisés (Cyprien, puis Penelope) m’ont laissée perplexe : même si je sentais tourner le vent, je ne m’attendais pas à une situation aussi terrifiante, glauque. Accrochez les cœurs des petits lecteurs ! Mais tout l’art de Béatrice Bottet est de rendre le coupable presque innocent, tout du moins victime de son passé. C’est machiavélique, pourquoi pas plausible. Et puis, comme d’habitude, on appréciera la solidité historique de l’ensemble, le naturel avec lequel on parcourt le Londres victorien, sous toutes ses facettes. En quelques lignes, une ambiance naît, point de départ laissant ensuite le loisir à Penelope de faire ses premiers pas de journaliste. Et le succès est au rendez-vous : le directeur du quotidien qui publie son article sur les enfants perdus nous l’envoie à New-York !

 PG

« Elle pouvait être sincèrement émue et scandalisée par la misère, mais elle n’était pas prête pour autant à passer sa vie dans les taudis. Ni même quelques jours, le temps de se faire oublier. Pourtant, comment ignorer que des femmes pauvres, des veuves, des orphelines, une fois leurs comptes faits après une quelconque catastrophe familiale, une fois leurs biens vendus et leurs amis détournés d’elles, se voyaient obligées de descendre marche à marche l’escalier de la misère, du désespoir, de la déchéance. » (pp. 220-221)

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Commentaires
F
C'est aussi et surtout que Béatrice Bottet en parle bien, je trouve !
M
...c'est plutôt alléchant !
C
Moi aussi j'avais deviné le fin mot de l'histoire, mais j'ai tout de même été bluffée, avec frissons partout sur le corps.
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