Poèmes de Blaise Cendrars
choisis et présentés par Camille Weil
Gallimard jeunesse – collection Folio junior poésie – 2013
« Ecrire, tout de suite, sans retard, régulièrement. »
« Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France » (extrait)
En ce temps-là j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon adolescence
J'étais à 16 000 lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était alors si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple d'Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j'étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.
[…]
Aux 5 coins
(extrait, in « Dix-neuf poèmes élastiques »)
Oser et faire du bruit
Tout est couleur mouvement explosion lumière
La vie fleurit aux fenêtres du soleil
Qui se fond dans ma bouche
Je suis mûr
Et je tombe translucide dans la rue
[…]
Tu es plus belle que le ciel et la mer
(extrait, in « Feuilles de route »)
Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir
[…]
Epitaphe
(in « Poèmes retrouvés »)
Là-bas gît
Blaise Cendrars
Par latitude zéro
Deux ou trois dixièmes sud
Une, deux, trois douzaines de degrés
Longitude ouest
Dans le ventre d'un cachalot
Dans un grand cuveau indigo.
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Je ne suis pas douée pour mettre en page le billet d'un blog ; je m'excuse auprès de M. Cendrars à propos de la disposition des mots dans l'espace qui ne se perçoit pas bien...