Memento - Jennifer Rush

Memento

de Jennifer Rush

traduit de l'américain par Cécile Chartres

Albin Michel jeunesse – collection Wiz - 2014

 Fait suite à Amnesia, chroniqué ICI.

Attention, action ! Anna s'est échappée du labo de l'Agence avec « ses garçons » (programmés, ils lui obéissent) Sam, Nick et Cas. Tous font partie d'un projet de mutation génétique de l'humain à des fins militaires, et leur mémoire a été effacée. Aujourd'hui, ils se cachent des sbires de l'Agence et aspirent (ou pas) à retrouver des bribes de leur passé. La narratrice Anna, désormais en couple avec Sam, espère remonter la piste de sa sœur et de son oncle. Le bonheur sera-t-il forcément au rendez-vous ?

Il faudra faire des choix, et Anna, pourtant pas bête, se laissera emporter par son destin. Ce faisant, c'est elle qui déclenche le plus souvent ce torrent d'actions et de retournements, ces épisodes sanglants aussi : on tue, on se blesse, on se relève tout de suite. Invraisemblable ? L'ensemble se déroule tellement vite, entrecoupé de réflexions d'Anna sur sa famille, son avenir, Sam (mais pas trop en ce qui concerne ce dernier, et sans effet nunuche), que le lecteur adhère sans hésiter, presque ravi de la brutale distraction de cet univers ahurissant fait d'espionnage et de trahisons.

L'auteure n'insistera pas sur les tenants et aboutissants de l'Agence (nulle théorie du complot). Elle se concentrera sur des vies dévastées, et sur ce vers quoi elles sont susceptibles de tendre ensemble. Malgré ses dissensions, le petit groupe est solide : j'ai aimé cette amitié forte qui évite côté bluette de la relation entre Anna et Sam. Certes, ils restent des adolescents avec des caractères relativement typés, mais une fois de plus, les événements prennent le pas sur les personnages eux-mêmes.

Alors que j'étais déjà titillée par les mystères d'Amnesia, Memento m'a vraiment séduite dans la catégorie aventures musclées dépaysantes : il faut concevoir les deux livres comme un tout, progressif et complémentaire. Last but not least, la série semble s'achever sur ce second tome. C'est presque un bonheur en soi de ne pas voir les psychologies se délayer, les rebondissements traînailler, et aussi de ne pas vouloir tout expliquer. On en pardonnerait presque à Anna de trucider une bonne partie de ceux qui l'entourent, tiens.