La bobine d'Alfred

de Malika Ferdjoukh

d'après une idée originale de Gérard Goldman

Ecole des Loisirs – collection Medium – 2013

Nous sommes en 1964, à Hollywood. Nuitamment et dans le plus grand secret, Afred Hitchcock tourne un film inspiré de la pièce « Mary-Rose » de J. M. Barrie (celui de Peter Pan). Directement transplanté de Montmartre pour devenir cuisinier d'une ancienne star du cinéma muet, Gustave Bonnet, cinéphile absolu, est chargé de préparer les sandwichs du grand Hitch.

Il est accompagné de son fils Harry, seize ans et des rêves plein la tête, narrateur de ce roman réjouissant. Harry a la chance de devenir figurant dans une petite scène. Un soir, le coursier lui confie une bobine, trente-six minutes définitives de « Mary-Rose ». Trop curieux, trop passionné, peut-être amoureux de la vedette, Harry garde durant une nuit la bobine. Une nuit de trop.

Sur un rythme entraînant, Malika Ferdjoukh passe de l'humour né du contraste des Frenchies à Hollywood (« Ca se dit comment, ici, 'cassoulet' ? Interroge le père qui n'a jamais appris un mot d'anglais de sa vie », p. 25) à une opération sauvetage de bobine digne d'un roman d'espionnage des années 1960, comme le fait remarquer Madeleine, la débrouillarde amie d'Harry. Les clins d'oeil font plaisir sans étourdir, et l'auteure, derrière l'action, n'oublie pas de couver son héros d'un joli regard rétrospectif – l'histoire est en effet un long retour en arrière avec petite surprise finale -. Faut-il y voir un roman d'initiation ? L'ouvrage se veut avant tout un jeu, peut-être une réflexion sur l'artiste dans son époque.

Au fond, il reste un Alfred Hitchcock aussi méchant que génial, Fred Astaire traînant son pas dansant sur les hippodromes et les Beatles débarquant pour un concert unique. Tout un film !

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