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Les riches heures de Fantasia
28 janvier 2014

Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket tome 1 : mais qui cela peut-il être à cette heure ?

Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket tome 1 : mais qui cela peut-il être à cette heure ?

de Lemony Snicket (Daniel Handler)

illustré par Seth

traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo

Nathan - 2014

Apprenti-détective, Lemony doit effectuer un stage pratique. Porteur d'un projet énigmatique dans la grande ville, il choisit sciemment la tutrice la moins douée, S. Theodora Markson, qui y officie. Las, ses plans sont vite déjoués et il se retrouve à Salencres-Sur-Mer, ex-bourgade industrielle productrice d'encre de poulpe à partir d'une ex-mer. Les paysages sont désolés et la ville ruinée, désertique. Theodora souhaite enquêter à propos du vol d'une statuette en bois représentant une créature mythologique, la Bête bombinante. Mais d'abord, à qui appartient cette statuette ? Et ensuite, quelle valeur possède-t-elle ? Lemony fait fi des pistes terriblement convenues de sa tutrice et s'emploie à comprendre la situation avec l'aide de la seule journaliste de la ville, la jeune Moxie Mallahan.

Les amateurs de l'atmosphère décalée, opaque, intellectuellement brillante des Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire (treize tomes) ne seront pas déçus. Nous nous attachons ici aux pas du narrateur des Orphelins, Lemony Snicket lui-même, que l'on avait commencé à découvrir avec son Autobiographie non autorisée. L'action début in medias res, et il ne faut pas chercher à tout comprendre.

De même l'intrigue comporte-t-elle de nombreuses zones d'ombre, et c'est fait exprès. Il n'y a d'ailleurs pas de fin, et une promesse de suite franchement très très ouverte ! Le pacte de lecture n'est pas brisé, mais savamment déconstruit et remodelé avec malice. Les adultes sont ridicules (voir le couple de policiers), les enfants intelligents, mais très mystérieux aussi, y compris le narrateur Lemony dont nous ne percevons finalement que des bouts de la pensée fulgurante.

Au niveau de l'écriture, le plaisir est encore au rendez-vous avec des définitions qui deviennent un jeu (répétition de « mot signifiant ici »), de noms de lieux et de personnes évocateurs, des allusions à des œuvres littéraires (sans doute anglo-saxonnes, enfin j'ai séché sur plusieurs), des pauses autocritiques savoureuses. Les illustrations en bleu et noir, aux traits appuyés, offrent une ambiance légèrement roman noir des années 1950. Un petit bonheur déroutant, à lire de préférence après les Orphelins, et dès 11 ans. Et vite, par pitié, la suite !

« Pour localiser la provenance d'un cri, il existe une méthode très simple. Un, prendre une feuille de papier blanc et un crayon à papier bien taillé. Deux, tracer neuf rangées de quatorze carrés alignés. Trois, envoyer valser cette feuille de papier et se ruer à la recherche de la personne qui crie – vous croyez que c'est le moment de perdre votre temps avec du papier ? Même Moxie referma sa machine à écrire d'un clic décidé, se la cala sous le bras, puis s'élança à travers les troncs. » (p. 165)

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Commentaires
M
Tu as très bien cerné le livre je trouve, dans toute sa subtilié. Je l'ai adoré aussi, avec ce genre d'écriture si fin, original et drôle ! Il est vraiment dans la continuité des Orphelins Baudelaire (les derniers tomes sont les MEILLEURS d'ailleurs, les plus profonds et de loin).<br /> <br /> J'ai aussi fait une critique de ce livre sur mon blog : http://miscellae.fr/les-petites-chroniques-all-the-wrong-questions/
B
Ça me tente bien mais j'ai franchement la flemme de lire la série des treize avant ! Ne peut-on s'en dispenser ?!
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