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Les riches heures de Fantasia
27 janvier 2014

Ce que j'ai oublié de te dire - Joyce Carol Oates

Ce que j'ai oublié de te dire

de Joyce Carole Oates

traduit de l'américain par Cécile Dutheil de la Rochère

Albin Michel jeunesse – collection Wiz - 2014

Attention, cruel.

Merissa, jeune fille « parfaite », jolie, sociable et à l'excellent dossier scolaire, démarre le roman. Elle raconte le suicide récent de son amie l'excentrique Tink, son quotidien face à un père absent qu'elle voudrait rendre admiratif, sa façon bien à elle d'évacuer les tensions en se scarifiant. Puis, c'est le groupe de fille gravitant autour de Tink qui prend la parole (« nous »). Dans un retour en arrière le long d'une unique scène, le lecteur explore la vie de cet ex-enfant star de série télévisée, son arrivée dans ce lycée privé huppé de Quaker Heights, et ses relations difficiles avec une mère superficielle, ses petites manies, ses envolées d'humeur.

Enfin, Nadia s'exprime : elle parle de ses (prétendus) kilos en trop, de sa sensibilité à fleur de peau et de son amour pour un jeune professeur, de son envie d'en finir aussi, et finalement de sa rencontre avec un jeune chat sauvage... Tink (link, lien ?)est-elle vraiment partie ?

Contre-modèle, Tink va aussi devenir une figure salvatrice pour Merissa et Nadia. Avec des notes fantastiques, Joyce Carol Oates suggère qu'elle « veille » sur les filles et les protège d'elles-mêmes. Les affres intérieures de l'adolescence, souvent liées à la famille, jouent avec la mort, nous dit l'auteure, et peu importent les apparences – que d'aucuns qualifieraient de dorés -, ici rendues dans l'alternance des points de vue. Internet et les réseaux sociaux n'arrangent rien, sites dangereux prônant les mutilations ou propagateurs de rumeurs salaces. Malgré tout, quelques sacrifices plus tard, la vie l'emporte.

Rien de neuf au fond, si ce n'est la profondeur tragique de l'ensemble, et l'écriture qui épouse la pensée erratique des jeunes héroïnes, tout en conservant un narrateur externe (à l'exception de l'interlude autour de Tink). Le mot « secret » est répété entre parenthèses dans le cas de la pudique Merissa, le style classique utilisé pour Nadia se ponctue d'italique avec des pensées contradictoires... Joyce Carol Oates connaît son sujet, et le transcende dans des ellipses nombreuses, dans un langage audacieux. Pour bons lecteurs, dès 15 ans.

« Citation Tink de la semaine : Je veux bien être ton amie – mais seulement si tu me promets de ne jamais, jamais compter sur moi. » (p. 176)

A lire/voir aussi : Virgin Suicides, un roman de Jeffrey Eugenides (1993, traduction française 2000) et un film de Sofia Coppola (1999)

JCO

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