Coeurs brisés, têtes coupées - Robyn Schneider

Coeurs brisés, têtes coupées

de Robyn Schneider

traduit de l'américain par Nathalie Peronny

Gallimard jeunesse – 2013

Ezra Faulkner est le garçon le plus populaire de son lycée californien. Sportif, intelligent (mais il le cache), beau, il évolue parmi son cercle d'amis proches au bras de sa ravissante copine. Lors d'une soirée, il retrouve cette dernière dans une chambre en compagnie d'un autre garçon et voit rouge. Sans réfléchir, il fonce avec sa voiture dans la nuit. C'est l'accident, avec un autre véhicule qui ne sera jamais identifié. Ezra subit de multiples opérations mais son genou ne se remettra pas : le sport est fini pour lui qui y tenait tant. A la rentrée scolaire, il ne cherche pas à renouer avec ses anciens amis et se rapproche de Toby, garçon tranquille qu'il connaît depuis l'enfance, responsable du club de débats. Et puis il y a la nouvelle, Cassidy, brillante et différente...

Le « je » est de mise pour ce roman de psychologie fine. Certes, l'auteure explore quasi-sociologiquement les usages d'un lycée américain – des soirées arrosées aux matières étonnantes, comme ce club de débats, sans oublier la pression de l'université -, ainsi que les manières d'être d'une certaine bourgeoise désenchantée (voir les parents d'Ezra). Mais elle se concentre surtout sur la lente évolution du héros, qui quitte sa peau de « beau gosse » pour devenir... lui-même. Cassidy n'y est pas pour rien, de même que Toby et son humour cinglant. Bien faite, grave derrière les plaisanteries qui fusent entre lycéens, l'histoire se lit très vite.

Arrive alors la fin, inattendue, et pour le coup tragique. Très soignée, elle souffle le chaud et le froid et prévient tout effet de chute facile. Le lecteur referme alors l'ouvrage avec une sensation d'espoir amer qui, sans un mot de plus, signe le passage du héros à l'âge adulte. Au sens le plus plein du terme, Coeurs brisés, têtes coupées est un roman de l'adolescence, doté d'une atmosphère, d'une intrigue, de personnages travaillés (car on ressent aussi cet aspect de construction fictionnelle) avec une grande sensibilité.

Comments

[LetterBee]

J'hésitais à me l'offrir un jour, tu viens d'achever de me convaincre. Dès que je le vois, je me le prends.