Un garçon sachant siffler

Auteur : Ezra Jack Keats

Didier jeunesse – 2012

 

Tu sais siffler toi ? Parce que Peter, lui, ne sait pas.

Pourtant, Peter veut apprendre à siffler comme un grand pour interpeller son chien Willie. Alors pour y parvenir, il va s’entraîner comme un grand !

Dans ce livre, l’auteur nous propose un univers graphique, coloré, chaleureux dans lequel différents motifs et tampons rythment la lecture. Il s’agit d’un ouvrage de 36 pages, dont l’histoire pourrait toutefois tenir en quelques lignes. Car elle est simple cette histoire... Et elle est vraie.

Différents thèmes sont abordés tout au long du livre. Parmi eux on compte la découverte du corps humain, l’apprentissage, mais aussi l’apprentissage par le corps. Et plus précisément ce moment où l’enfant prend conscience de son corps. Ici, Peter essaie de siffler, mais ça lui fait tourner la tète et lui fait mal aux joues.

Néanmoins, ses expériences ne se limitent pas à ça.

En effet, plus tard, il essaie un chapeau trop grand pour lui, modifie sa voix pour s’amuser et essaie de se séparer de son ombre. Les mécanismes de la compréhension, aussi simples soient-ils font la richesse de l’enfance.

Le titre de cet album est amusant. Il pourrait faire penser à un virelangue, cette phrase difficile à prononcer qui permet de s’exercer à articuler, comme par exemple «Les chaussettes de l'archi-duchesse, sont-elles sèches ou archi-sèches ?». De même que certains enfants zozotent, d’autres n’arrivent pas à siffler.

C’est une histoire de persévérance grâce à laquelle les plus petits pourront apprendre comme Peter qu’il ne faut pas se décourager, mais s’entrainer et avoir confiance en soi. Plus simplement, l’envie de réussir est la clef de la réussite.

Les enfants évoluent différemment selon leurs environnements, un peu à la manière des poissons qui grandissent en fonction de la taille de leur aquarium. Ici, l’histoire est plongée dans un univers urbain. On sent que c’est un aspect important pour l’auteur. Peter s’approprie l’espace qu’est la ville, il joue avec les rainures du sol, se cache dans un carton et dessine à la craie. La couleur et la vie prennent le dessus dans un paysage souvent trop gris et trop lisse. Dans cet ouvrage, Ezra Jack Keats apporte de la gaité aux jeunes citadins.

Graphiquement, l’histoire est construite comme un voyage, un parcours. Peter part toujours de la gauche de la page, pour se dirige vers la droite.

Le temps n’est pas représenté dans cet album. Si au début cet aspect peut chagriner, car l’enfant a besoin de se créer des repères, on se laisse finalement attendrir. En effet, lorsqu’on veut apprendre quelque chose, peu importe le temps que l’on met avant d’y parvenir, seule la persévérance est décisive.

Un garçon sachant siffler est né aux Etats Unis en 1964, de la patte d’Ezra Jack Keats. A l’époque, l’illustrateur a une position de précurseur dans la représentation des minorités.

Grace à la collection cligne cligne, les enfants découvrent des ouvrages éloignés d’eux dans le temps et dans l’espace. Un garçon sachant siffler revêt un caractère universel, car tous les enfants du monde apprennent un jour à siffler.

 Emmanuelle Champy (Licence Pro Métiers de l'édition Paris V)

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