Un lézard amoureux - Alex Cousseau
Un lézard amoureux
d'Alex Cousseau
Rouergue – collection DoADo – 2013
Dans un Finistère presque sauvage, Tobias vit seul avec son père. Il est amoureux de Zoé, mais n'ose pas le lui dire. Il lui écrit, une jolie histoire à symboles. Elle comprend, ils se rapprochent. Les mois passent, arrive l'été, propice à l'amour...
Ma vision (personnelle) d'Alex Cousseau est avant tout celle d'un poète, d'un passionné des mots et de leurs jeux. Il brode des histoires de vie, parfois très modernes, parfois sages comme ici, mais toujours superbement écrites. Et le lecteur doit se laisser happer par ses mondes pour en apprécier la finesse. Et ça vaut même pour son adorable Charles le dragon !
Avec ce « lézard » (l'emprunt est à René Char), nous sommes dans le ressenti d'un jeune homme, un pudique qui sait toutefois penser ses émotions. Le roman suit les mois, de mars à juillet, d'anecdote en anecdote, de la disparition déchirante du vieux chien de famille (de l'enfance?) à la joie maladroite du premier amour.
Parce qu'il met en scène un héros et narrateur sensible, vaguement lunaire mais perméable à son environnement, l'auteur ose (en 2013, n'est-ce pas) de belles descriptions de la nature. Elles structurent le texte, lui donnent une sorte de trame sur laquelle bâtir le plus intense des sentiments, l'amour, donc. Un joli moment de lecture !
Le flou de la photo est poétique, lui aussi... voilà, voilà...
« Les pluies d'avril ont gonflé les torrents dans les collines alentour, et le courant est maintenant plus vif, le chant plus fluide, moins secret. Je me dis que dans mon corps il y a ces mêmes mouvements, en accord avec les saisons. Que mon sang coule avec fougue quand viennent l'automne et l'hiver, jusqu'au printemps, et que l'été vers lequel nous allons est une période d'ennui, de ruisseaux qui se perdent en courbes pour ne pas mourir tout à fait, pour éviter les obstacles. » (p. 35)