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Les riches heures de Fantasia
18 juin 2013

La tête dans les choux - Gaia Guasti

La tête dans les choux

de Gaia Guasti

Thierry Magnier - 2013

L'ouvrage commence sur un mode néo-rural ardéchois, avec des parents ravis de ce « retour aux sources », et des enfants un peu ballottés, beaucoup mécontents... La réservée Margotte (treize ans) s'imagine déjà une adolescence perdue, tandis que la petite Clairette aux t-shirts à paillettes (quatre ans) perd de son aura. Dans le car scolaire, Margotte fait alors la connaissance de Justine, une fille désagréable mais qui l'éclaire un peu sur le fonctionnement du village (pardon, du hameau – dix-sept habitants). Et puis elle rencontre le beau Théo, jeune adulte en charge de ses frère et sœur. Margotte envisage alors les choses sous un meilleur angle, et sa petite soeur adopte immédiatement Théo. Restent le mystère du dix-septième habitant qu'on ne voit jamais, et aussi les dangers inhérents à la nature, que l'urbaine Clairette n'avait pas prévus... Pendant ce temps-là, la mère de Margotte fait de la pâte de coings ou du compost, et son père se languit de sa caméra (il était documentariste).

En soi, l'intrigue ne comporte pas énormément d'actions : un déménagement, une rentrée scolaire, un mystère familial vite résolu, et enfin la disparition, elle dramatique, d'une fillette. Le déroulé est simple, les personnages assez peu nombreux. C'est la voix de la narratrice Margotte qui change tout. Déjà, mais si peu, entrevue dans Mayo, ketchup ou lait de soja ? et dans La dame aux chamélias, la langue de Gaia Guasti, pourtant italienne d'origine, prend ici toute sa superbe, sa saveur et son humour. Elle manie les mots, l'humour d'une main de maître sans jamais trop en faire.

On l'a dit, Margotte est une observatrice peu prolixe, assez transparente dans la vie courante. Ses pensées – sur elle-même, sur les autres, les situations - valent alors leur pesant d'or, et elle nous les exprime d'un ton volontiers ironique, un brin cynique, toujours à l'affût du bon mot désabusé qui ne pourra que faire sourire. C'est caustique à souhait et forcément très plaisant à lire, quoique jamais moqueur de la ruralité – on est sur un fil, mais on n'en tombe pas. Après, l'histoire, symptomatique d'un XXIème siècle coupé de son herbe, n'apporte rien de neuf. Si ce n'est que l'Ardéchois, de souche ou pas, gagne à être connu !! A lire à partir de 12/13 ans.

« Techniquement, j'ai toujours été ce qu'on appelle une enfant solitaire. Enfant solitaire, dans le jargon qu'utilisent les instits pour parler aux parents, est la traduction d'enfant seul. Dans la même catégorie on trouve enfant autonome et enfant très indépendant. Seul, ça se présente carrément mal. C'est un peu comme raté, pauvre gosse. Dans solitaire, on introduit une nuance mystérieuse. Genre, je m'isole pour réfléchir à la vie et à la mort. Autonome, c'est beaucoup mieux. Je reste dans mon coin car je le veux bien. Très indépendant, alors là, c'est la classe. Allez voir ailleurs si j'y suis. Dans les faits, un enfant seul, un enfant solitaire, un enfant autonome et un enfant très indépendant, c'est kif-kif : dans la cour de récré, on compte les trous dans le goudron. » (p. 23)

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Commentaires
B
j'ai adoré Ketchup, mayo et lait de soja alors j'ai vraiment envie de découvrir celui-ci
C
Han, il trône sur la pile de mes livres à lire ... mais qu'est-ce j'attends !?!
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