Chroniques de l'archipel tome 1 : le trésor des Okalus - Geoff Rodkey

Chroniques de l'archipel tome 1 : le trésor des Okalus

de Geoff Rodkey

traduit de l'américain par Rosalind Elland-Goldsmith

Seuil jeunesse – 2013 

A treize ans, Egbert est le petit souffre-douleur de sa famille. Plus intelligent, plus réfléchi que son horrible frère et son affreuse soeur, il ne trouve pas sa place dans cette plantation de citrangiers, sur une île au beau milieu d'un archipel infesté de pirates. Mais son père a un projet, tenu secret, et qui va pourtant changer la vie d'Egbert. D'abord, le garçon va voir ses proches disparaître, perdus dans le ciel à bord d'une montgolfière. Ensuite, il va rencontrer Millicent, la jolie et vive Millicent : immédiatement, il sait qu'il voudra en faire sa femme. C'est pourquoi il refuse que le père de la belle, riche homme d'affaires très insistant, l'adopte.

Bien lui en prend, car il découvre vite que l'homme, après avoir volé l'idée de son père, veut le tuer. Peu à peu, Egbert comprend qu'un trésor séculaire est en jeu, celui des Autochtones, le peuple qui occupait l'archipel primitivement, et qui est désormais entièrement esclavagisé. De fil en aiguille, Egbert entraîne d'abord Tripoux, un apprenti pirate aussi rusé que sale, puis Millicent, dans sa fuite/quête éperdue. Egbert ne sait pas très bien ce qu'il veut, mais il est au moins décidé à faire valoir ses droits d'héritier et à conquérir Millicent.

Raconté en « je » avec un certain recul bonhomme par Egbert, le roman court de rebondissement en rebondissement, compose et expose au fur et à mesure des pages, donne des explications succinctes pour les reprendre après, fait attention aussi à garder ses mystères et à créer (avec naturel, rassurez-vous) des actions potentiellement à suite... Il ne se passe d'abord pas grand-chose, mais le narrateur nous raconte par le détail ses observations, ses sentiments, donnant ainsi une impression de plein dont le contenu concurrence la deuxième partie, elle complètement tonique et farfelue.

C'est bien écrit, jamais ennuyeux, peut-être un peu trop insistant sur ce qui se passe au présent, au détriment d'informations sur le passé et les tenants et aboutissants de ce trésor. J'ai eu comme une impression de dispersion, mais je suis prête à critiquer mon cerveau trop rationnel : la créativité, c'est ce qui déborde de la marge. Et puis, nous n'en sommes qu'au premier tome. On aimerait aussi en savoir plus sur les Autochtones, qui rappellent furieusement le passé colonial de l'Europe ou des Amériques. Les pirates, eux, sont exploités avec justesse, ni trop ni trop peu, un élément dans le décor souvent croquignolet. J'ai déjà ma petite idée sur le fait que le plus cruel d'entre eux, Burn Healy, épargne et même aide notre héros...

Avec ses trois héros bien distincts aux caractères reconnaissables – le raisonnable qui se découvre courageux, le teigneux qui cache son bon cœur, la volontaire qui tarde à se séparer des ses origines -, Le Trésor des Okalusinaugure une petite série junior agréable, entre aventure et humour pince-sans-rire. On espère qu'elle continuera à creuser son sillon avec bonheur sur les flots de ces îles ! A partir de 10/11 ans.

 A noter la jolie couverture (avec du doré bien placé !) de Joëlle Jolivet

« - Et ça, c'est c'que j'appelle du courage. - Je ne cherchais pas à être courageux, dis-je d'une voix faible. Je cherchais à être malin. - Oublie d'vouloir êt' malin. Courageux, ça t'va mieux. » (p. 339)

Comments

[Fantasia]

Ben oui, j'avais vu sur ton blog... Mais figure-toi que j'ai fait le chemin inverse : je l'ai attaqué en me disant que j'allais m'embêter...

[bouma]

j'ai été bien moins emballée que toi par cette lecture que j'ai franchement trouvé lente au démarrage. Vendue comme une histoire de pirate, ils n'apparaissent qu'avec parcimonie dans l'histoire comme tu le notes. En fait, je m'attendais à tout autre chose et ai finalement été déçue...