Elles se cherchent #2 : Le Retour de Cherokee Brown - Siobhan Curham

Le Retour de Cherokee Brown

de Siobhan Curham

traduit de l'anglais par Marie Hermet

Flammarion – collection Tribal – 2013

Claire Weeks vit une adolescence aisée à Londres, avec sa mère, son beau-père, un coach de vie professionnelle qu'elle trouve ridicule, et ses deux jeunes demi-frères. Depuis le départ de sa meilleure aime, elle est la cible de moqueries au lycée qu'elle n'arrive pas à surmonter. Le jour de ses quinze ans, elle reçoit une carte de son père biologique, dont sa mère lui a toujours tu l'existence. Elle se rend à son invitation, dans un quartier branché de Londres, et rencontre un guitariste et chanteur de rock très ouvert, presque nonchalant en regard de sa propre vie bien réglée. Sans insistance, tout naturellement, Claire revoit et fait confiance à ce père tombé du ciel qui la comprend si bien. Elle reprend son vrai prénom, Cherokee – sa grand-mère paternelle était une Indienne émigrée en Irlande. Mais sa mère et son beau-père voient d'un mauvais œil cette nouvelle influence, alors même qu'ils ne devinent pas (ne veulent pas voir) ce qui se passe au lycée pour Claire/Cherokee.

La jeune narratrice veut devenir romancière, et, à l'exception de quelques extraits de ses carnets, c'est le résultat de son travail que nous sommes censés lire ici. Elle s'est en effet prise pour sujet, elle, ses difficultés et ses façons inattendues de les surmonter. Chaque tête ce chapitre est agrémentée d'un conseil (souvent bidon, parfois très juste) tiré d'un livre « Comment devenir écrivain » acheté par Cherokee.

Et elle a de quoi dire, ses problèmes sont en effet doubles : renouer avec ses origines qu'elle découvre brutalement, trouver une place et un futur parmi les gens de sa génération. Bizarrement et originalement, la relation avec son père ne la déstabilise pas comme sa mère l'imagine – c'est déjà fait avec le lycée, où elle vit des situations d'une grande violence psychique. Au contraire, par-delà le côté branché (un peu surfait) de son géniteur, Cherokee va trouver en lui une complétude, un sentiment de confiance en soi qu'elle avait perdu – ou plutôt qu'elle n'avait peut-être jamais eu et qui se réveille avec acuité à l'adolescence.

Etre abandonnée est bien sûr la grande hantise de Cherokee. Mais, forte et volontaire derrière sa fragilité, elle saura s'affirmer, puis aimer (un garçon graffeur ami de son père). Le Retour de Cherokee Brown est un roman d'apprentissage de soi aux sentiments nuancés et justes, mais aux appuis et au déroulement tout simples, un peu trop simples et faciles pour ressembler complètement à la vie.

 L'idée étant que les poi-poils de la queue de Fantasia rappellent une plume... d'Indien. Enfin bref.