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Les riches heures de Fantasia
5 mars 2013

La Fille du parrain (La Mafia du chocolat, tome 2) - Gabrielle Zevin

La Fille du parrain (La Mafia du chocolat, tome 2)

de Gabrielle Zevin

Traduit de l'américain par Cécile Chartres

Albin Michel jeunesse – collection Wiz – 2013

J'avais une hâte folle de retrouver Anya Pavlova Balanchine, brin d'héroïne magnifique du premier tome de cette série de type dystopique, La Mafia du chocolat. Je n'ai ab-so-lu-ment pas été déçue, avec une suite tout aussi tonique et inventive, et en même temps plutôt différente.

Nous retrouvons la narratrice Anya à sa sortie de prison, en quête d'un peu de stabilité et d'un retour au lycée. Mais le père de Win, toujours en campagne pour un poste de procureur, préfère la voir retourner dans sa cellule sous un minuscule prétexte de violation de liberté conditionnelle. Cette fois, Anya s'évade et s'enfuit au Mexique, sur une plantation de cacao tenue par des amis de la famille. Elle devient amie avec Théo, elle apprend la fabrication du produit rare que son père ne faisait que commercialiser.

Au bout de quelques mois, en plein champ, elle est brutalement victime d'une tentative de meurtre. Sa sœur Natty et son frère Léo, à des milliers de kilomètres de distance, sont eux aussi attaqués. Anya revient alors à New-York, où elle va chercher encore sa place et surtout les commanditaires de ces assassinats. En désespoir de cause, elle décide de quitter les affaires Balanchine et de se rapprocher de Win – après quelques moments de flottement amoureux. Mais comme le dit si bien son avocat et ami M. Kipling, elle ne peut pas quitter le chocolat... Anya invente une façon plutôt astucieuse de réconcilier le cacao avec la légalité, et nous la quittons provisoirement à l'orée de sa nouvelle vie d'entrepreneuse.

Fille paradoxalement méfiante, voire dure, et d'une fragilité hésitante, Anya évolue ici à vitesse grand V tout en pensant qu'elle ne fait rien de sa vie : elle s'émancipe d'abord de la figure du père (les fameux conseils qu'elle ne cessait de se rappeler), elle accepte douloureusement que sa fratrie grandisse et ait moins besoin d'elle, elle ne renie cependant pas complètement son encombrant héritage dynastique, et elle prend enfin sa vie en main pour la rendre singulière, quitte à souffrir de sa différence par rapport à ses amis d'autrefois, et à comprendre que Win, amour choisi, ne veuille pas la suivre – attention, on n'en est pas là !

Certes placée dans un contexte familial très particulier, Anya se conduit au fond comme n'importe quelle adolescente qui aurait dû grandir trop vite et se positionner en tant qu'adulte avant l'âge. Complexe et nuancée, s'adressant de temps en temps à son lecteur et capable d'ironie sur elle-même, j'ai adoré suivre une nouvelle fois cette héroïne et la voir osciller entre grandir et fuir : on a peut-être tous eu un petit peu d'Anya en nous.

Les personnages autour d'elle ne cessent aussi de tourbillonner, un peu comme si Gabrielle Zevin voulait recommencer son roman à zéro. Des amitiés seront mises à mal, de nouvelles relations se créeront pour sans doute mieux s'épanouir ou se recroqueviller par la suite. Mais chut, on ne peut pas tout dire. Ce qu'il y a de bien dans cette série, c'est que les alliances ne cessent de se décomposer et de se recomposer en nous surprenant, qu'Anya fait confiance un jour mais pas le lendemain (souvent avec raison) : il n'y a pas vraiment de bon ou de méchant définitif, et c'est tout l'univers d'une mafia, je suppose, avec son corrélaire la justice corruptible. Personnellement, la figure du Japonais Yuji Ono, très très mystérieuse, continue à beaucoup me plaire.

On en oublierait presque, si Gabrielle Zevin ne le rappelait par petites touches subtiles et pétries d'humour, que nous sommes à la fin du XXIème siècle. Je pense par exemple au moment où Fats essaie de parler d'une histoire de vampire que sa grand-mère lui racontait - Twilight, bien sûr - et qu'Anya pas du tout intéressée coupe court (pp. 351-352). Sans doute que ce monde futur est très probable, en fait... Fantasia a choisi, ce sera avec chocolat, et donc avec Anya !

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Commentaires
N
"J'avais une hâte folle de retrouver Anya Pavlova Balanchine, brin d'héroïne magnifique du premier tome de cette série de type dystopique, La Mafia du chocolat. Je n'ai ab-so-lu-ment pas été déçue, avec une suite tout aussi tonique et inventive, et en même temps plutôt différente." EXACT !<br /> <br /> Je l'ai teeeellleeeemeeeent aimé ^^<br /> <br /> Vivement le 3 !!!
F
Bonne lecture les filles ! Pour moi, Anya rentre dans une catégorie à part des héroïnes dont on se souvient.
M
Mais pourquoi est-ce que je n'ai toujours pas commencé cette série ?!<br /> <br /> En tout cas, à lire ton billet, je me dis qu'il faut vite remédier à ça !
D
Merci pour cette critique alléchante, j'attends moi aussi impatiemment le tome 2!
F
Mais tu sais bien que les chats adorent narguer leur monde... ;-)
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