Nina Volkovitch, tome 2 : Le Souffle

De Carole Trébor

Gulf Stream – 2013 

A la fin du premier tome, Nina rentrait littéralement dans la montagne pour rejoindre le monastère orthodoxe de Zaïmoutchi. Elle y ronge maintenant son frein à apprendre l’art et la technique des icônes, sous la houlette d’un père bienveillant mais ferme. Il veut d’abord que Nina maîtrise ses peintures avant de lui confier les secrets de ses origines.

Le moment arrive enfin, un peu précipité par l’imminence de l’attaque du monastère par l’oncle de Nina. On apprend donc que la jeune fille vient d’une longue lignée d’hommes qui maîtrisent le Souffle, c’est-à-dire qu’ils sont capables de commander, par leur voix et leur souffle, trois Anges enfermés dans des icônes sacrées. Si ces Anges tombent entre de mauvaises mains ou sont séparés, c’est le monde entier qui est menacé. Les Souffleurs sont accompagnés des Défenseurs (des guerriers) et des Passeurs (guérisseurs et lettrés) pour former la Compagnie des Trois.

Evidemment, l’oncle de Nina recherche les icônes des Anges, et la jeune fille va devoir s’échapper du monastère pour mettre ce trésor ancestral en sécurité… Elle rejoint d’abord ses jeunes amis de Moscou, Sacha et Dima, et décide alors de cacher les icônes au musée Pouchkine. Ensuite, il sera temps de partir à la recherche de sa mère, toujours prisonnière d’un goulag sibérien…

Les révélations s’enchaînent dans ce tome que j’ai vécu comme une parenthèse (enchantée), à l’action limitée, avant un nouveau plongeon dans l’ère stalinienne pour la suite. A travers la narratrice Nina qui raconte au présent, le lecteur se laisse ici emporter par la magie de ce qui pourrait être une très belle légende, une énième confrontation entre le Bien et le Mal. Carole Trebor y met de la folie, du mystère religieux et de la grandeur toute russe, tranchant en cela avec la bureaucratie arbitraire du premier tome. On ne perd pas de vue l’art contemporain – c’est l’objectif avoué du roman que de faire ressentir les grands courants picturaux du XXème siècle -, mais on s’en éloigne un peu.

Tout se passe comme si l’auteure se donnait le temps de poser des jalons qui exploseront ensuite : Nina va devoir mener beaucoup de dangereux projets, personnels ou pas, à leur terme, et il fallait qu’elle maîtrise du mieux possible ses dons. En attendant, la petite héroïne prend quelques centimètres au contact des Anges (il semblerait que sa puberté soit bloquée tant qu’elle ne devient pas une Souffleuse hors pair) et de l’assurance, un petit caractère bien trempé malgré les angoisses qu’elle éprouve pour ses proches. La fin est abrupte, on ne s’inquiète toutefois pas trop… On se demande juste où tout ceci va nous mener ! Une série atypique et intrigante, toujours accessible dès 11 ans environ. 

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