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Les riches heures de Fantasia
24 janvier 2013

Pour toi je décrocherai la lune - Gregory Hughes

Pour toi je décrocherai la lune

De Gregory Hughes

Traduit de l’anglais par Benjamin Legrand

Seuil jeunesse – 2013 

Roberto, douze ans, et Marie-Claire, dix ans, vivent dans une ferme à Winnipeg (Canada) avec leur père. Au décès brutal de celui-ci, les deux enfants décident qu’ils ne doivent pas être séparés. Munis de vélos et de sacs à dos, ils entament une longue route vers New-York, où habiterait leur oncle… Ils vont rencontrer de nombreux dangers (les « satanés pédophiles » de Marie-Claire) ainsi que des losers au grand cœur et une star du rap, qui les aideront jusqu’au bout de leur périple.

Raconté rétrospectivement par Bob, le roman adopte le ton curieusement bonhomme et mélancolique du petit garçon, partagé entre ses propres frayeurs et l’envie féroce de protéger sa fantasque, fragile sœur. Marie-Claire, surnommée « le Rat » est en effet un ouragan d’énergie, un arc-en-ciel d’émotions que mettent seulement à bas de douloureuses crises nerveuses. Mais un instinct juste guide la fillette, presque des prémonitions, et, quelque part, Bob se repose aussi sur elle.

Cahin-caha et naïvement, les deux enfants suivent leur enquête (aiguille dans une botte de foin étant donné la façon dont ils s’y prennent), courent d’énormes risques sans s’en rendre compte, et aboutissent tout à fait à côté de leur objectif, pour le meilleur et pour le pire. Derrière l’anonymat et la dureté de la grande ville se découvrent de manière (à mon sens) un peu surréaliste une certaine chaleur, un bon cœur chez les plus malheureux. Enfin, disons que Bob et Marie-Claire ne se font jamais éconduire directement, bénéficiant sans aucun doute de leur statut de petits. La rencontre avec Ice, roi du rap, ne sonne pas très vraisemblable, mais qu’importe : elle s’intègre tout naturellement dans le parcours de nos deux héros, et dope le roman d’une dynamique différente : on peut être riche et ne pas aimer sa vie.

Le lecteur – que l’on suppose plus âgé que les personnages – se prend donc inévitablement de tendresse attentive pour Bob et Marie-Claire, frémit pour eux, voudrait les revoir à Winnipeg entourés de leurs amis : Harold le petit handicapé, le chef Indien… une jolie galerie qui n’a volontairement pas le temps de s’exposer. Mais surtout, il s’enflamme pour la fin, d’une gravité et même d’un dramatique inattendu. C’est avec cette conclusion, ouverte mais dure, que Pour toi je décrocherai la lune sort complètement du lot « road-trip enfantin » pour devenir une belle et adulte évocation de l’amour entre frère et sœur. J’en suis ressortie un peu sonnée, très émue. Un roman pas comme les autres…

 

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« Je me sentais triste, mais pas d’une mauvaise manière. Je me sentais triste comme lorsqu’on pense à certaines choses. Si, la semaine dernière, on m’avait dit que je serais à New-York en train de tenir ma sœur dans mes bras devant l’Hudson, j’aurais éclaté de rire. Mais j’y étais et je me rendis compte que ça n’avait aucune importance. Parce que je préférais être ici avec le Rat que n’importe où ailleurs tout seul. » (p. 213)

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Commentaires
C
Je l'ai repéré depuis longtemps celui-là, il faut que je m'y attèle !
L
Hmm ça m'intrigue, je note ! ;-)
L
Tu attises ma curiosité il va falloir que je le lise rapidement !
F
Oh non, je ne voulais pas t'inquiéter pour la fin ! C'est beau, en fait... dans le genre dramatique.
S
J'ai un peu peur de la fin du coup, mais il me tente bien quand même. J'aime les périples, les épopées dangereuses et naïves...
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