La Prophétie de Glendower livre 1

De Maggie Stiefvater

Traduit de l’américain par Camille Croqueloup

Hachette – collection Black Moon – 2013 

Blue évolue au sein d’une famille de femmes, médiums aguerries qui ont choisi de vivre à Henrietta, sur une « ligne de ley », autrement dit un tracé énergétique qui a la propriété de décupler leurs pouvoirs. Depuis son enfance, on prédit à Blue que le premier garçon qu’elle aimera et embrassera mourra. La jeune fille reste donc en retrait des affaires de cœur jusqu’au jour où elle croise un groupe de garçons issus du lycée le plus select du coin. Gansey, aidé de Ronan et d’Adam, cherche avec application la ligne de ley, sans avoir les pouvoirs des mère et tantes de Blue. Il veut en fait découvrir la tombe d’un mythique roi celte, Glendower, qui serait quelque part sur cette immense ligne invisible. Après avoir hésité, Blue décide de prendre son avenir médiumnique en main et d’aider Gansey.

L’auteure prend le temps de poser son action riche, utilisant un narrateur externe qui suit d’abord Blue d’un côté, les lycéens (ensemble ou un par un) de l’autre, avant évidemment de les faire évoluer ensemble – ou pas selon les besoins de l’intrigue. L’écriture dense est de qualité, l’atmosphère résonne de manière très sombre, presque sans coquetteries amoureuses ou luxueuses – à noter que les figures masculines ne comptent quand même pas leur argent.

L’arrière-plan un peu magique conserve tout du long un caractère intensément intrigant, envoûtant : un néophyte (comme moi) apprendra beaucoup à propos des énergies qui seraient cachées dans la terre et régiraient notre monde, faisant quantité d’envieux comme le roman le montrera. L’histoire est assez complexe, faite de menues découvertes qui s’additionnent sans forcément révéler tout leur potentiel. Evidemment, ce n’est que le début et on l’a dit, le rythme est lent, titillant…

Nous suivons les personnages plus qu’on n’entre en empathie avec eux, chacun gardant sa part de secrets et ne dévoilant ses fêlures qu’au fil du roman. Gansey et Ronan ont beau être riches, ils n’en sont ainsi pas moins malheureux, chacun à sa façon profonde. Blue est sans doute la plus spontanée, et on la croirait presque un peu naïve si elle ne faisait finalement voir sa complexité, toute en réserve. Loin des poncifs fantastiques adolescents, Maggie Stiefvater creuse avec ce premier tome âpre un sillon très adulte dont la profonde originalité m’a convaincue. A suivre !

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