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Les riches heures de Fantasia
8 janvier 2013

Wonder - R.J. Pallacio

Wonder

De R. J. Palacio

Traduit de l’américain par Juliette Lê

Pocket jeunesse - Fleuve Noir - 2013 

August, dit Auggie, est né avec une malformation faciale gravissime, rarissime, et que de multiples opérations n’ont pas réussie à rendre acceptable aux yeux des autres, surtout des enfants. Il vit de manière aisée dans le cocon douillet de sa famille, entre un père enjoué, une maman protectrice et une grande sœur attentive, Olivia – sans oublier la chienne, Daisy, qui ne juge rien chez son jeune maître. Et puis Auggie grandit, et ses parents jugent utile pour sa socialisation qu’il intègre un collège normal. A la fois terrifié et curieux, Auggie se prépare pour sa première rentrée en sixième…

Surtout sur un gros roman, le thème du handicap conduit assez facilement au misérabilisme, à l’introspection gênante, au moins par des petites phrases maladroites. R. J. Palacio déjoue gracieusement l’écueil, usant pour cela d’une construction exemplaire, toute en finesse narrative. Le récit débute avec Auggie lui-même. Il va nous raconter son quotidien, ne se privant d’aucun détail et montrant une certaine naïveté ou plutôt une naïveté certaine. Il parle de son apparence physique, bien sûr, mais surtout de ses relations avec les autres et des sentiments contradictoires qui traversent son hyper-sensibilité. C’est frais et juste, quoique sur 400 pages, on aurait frôlé l’overdose.

Alors, une fois l’action bien entamée, d’autres personnages – la sœur aînée en première ligne, les camarades d’école, et Auggie encore – prennent alternativement la parole en courts chapitres, racontant eux aussi, lentement mais sûrement, cette première année de collège un peu particulière. Les narrateurs sont toujours des enfants, montrant chacun une façon personnelle d’envisager le handicap d’Auggie : facteur de honte auprès des pairs, élément mineur qu’on oublie vite, chacun a sa propre façon de réagir. Au fur et à mesure de l’intrigue se créent des petits secrets bons ou mauvais, que ne découvrent les adultes qu’après coup, car notre jeune héros est courageux et préfère ne pas trop se livrer – sauf lorsqu’il craque, et encore.

Les parents, les professeurs font unanimement preuve de compréhension et de finesse, fort heureusement pour Auggie à propos duquel on retiendra la phrase si juste d’Olivia : « Voilà ce que je pense : on a passé tellement de temps à répéter à August qu’il était normal qu’il se croit comme les autres. Le problème, c’est qu’il n’en est rien. » (p. 122). L’histoire donnera à la fois raison et tort à Olivia. La personnalité d’Auggie est en effet un subtil mélange d’ignorance de la cruauté des cours de récréation, d’un poil de crainte qui prouve la prise de conscience du petit garçon, mais surtout de confiance en soi portée par l’amour des siens et qui va finalement le sauver.

Auggie, au terme de bien des rebuffades, gagne sa place de jeune garçon anonyme dans la masse scolaire, et il ne se distinguera plus que par sa place de premier de la classe. Le moment significatif où il est enfin accepté par les collégiens est joli, peut-être un peu américain : aurait-on en France cette esprit de corps dans un établissement scolaire ? Pas sûr et peu importe : August, le lecteur l’a adopté sans le voir, et il souhaite tout le bonheur du monde à ce petit gars qui pense déjà à ses futurs enfants. Un beau et fort roman qui reste longtemps dans les mémoires… A lire dès 11-12 ans.

Sortie simultanée chez Pocket Jeunesse et au Fleuve Noir... Un beau titre qui peut vouloir dire tant de choses, et deux jolies couvertures :

PKJ

Fvenoir

 

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