La Planète Maths

de Gisèle Bienne

Ecole des Loisirs - collection Neuf, 2012

L'été avant son entrée au CP, Mathilde est violemment contrariée : de gauchère, on la contraint à devenir droitière. Elle perd l'équilibre, elle pleure, mais elle réussit finalement à forcer sa nature. A l'école, elle découvre ensuite le bonheur des mots, et les horribles mathématiques. Elle cache ses lacunes dans cette dernière matière aride grâce à son meilleur ami et amoureux Samuel. Inventive, Mathilde ne fait plus confiance à ses parents et exprime ses souffrances dans des théâtres d'ombres poétiques entre sa main droite et sa main gauche, ou dans des dialogues imaginaires avec Peter Pan. Doucement, grâce à des rencontres et des parents qui évoluent malgré tout, la petite fille espère toutefois parvenir à croire en elle...

Raconté au présent par Mathilde elle-même, le récit très introspectif tient essentiellement compte du point de vue de la petite héroïne, qui arrive à parler clairement de ses malheurs, de sa passivité, de ses espoirs pour le futur. Les adultes tiennent des figures incompréhensives ou inconstantes, et de toute façon Mathilde a peu d'alliés : seulement Samuel et son petit frère Thomas. De fait, le roman peut s'apparenter à une révolution silencieuse, un long cri doux mais douloureux d'une solitude qui ne sait comment trouver sa place. Sans lien entre eux et sans qu'on les lui reproche clairement non plus, Mathilde estime cumuler deux handicaps : le fait d'être gauchère et celui de ne pas pouvoir choisir la voie royale des études scientifiques. Tout se passe en grande partie dans sa tête, et c'est donc elle qui décidera comment et quand dénouer la situation. Gisèle Bienne sait se glisser avec naturel dans les pas (les mains?) d'une enfant impressionnable mais tenace, elle offre ici une analyse tourmentée d'une différence originale, dont le caractère honteux est aujourd'hui (heureusement) largement estompé... A partir de 10-11 ans.

 

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