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Les riches heures de Fantasia
22 octobre 2012

Nox tome 1 - Yves Grevet

Nox tome 1 : Ici-bas

D’Yves Grevet

Syros jeunesse – 2012 

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L’humanité future est coupée en deux : les plus riches habitent la ville haute, dans un certain luxe qui s’apparente en fait à notre quotidien actuel, tandis que les moins fortunés vivent dans des brouillards (la fameuse nox) au fond de la vallée. Ils n’ont pas accès facilement à l’eau, se nourrissent de succédanés, et doivent fournir leur propre énergie en pédalant. Le taux de mortalité est important et les jeunes gens sont invités à procréer et se marier dès dix-sept ans.

Justement, Lucen, dont l’anniversaire approche, s’inquiète de la résistance de son amie Firmie, effrayée de suivre la voie de sa mère. Il raconte ses inquiétudes à ses meilleurs amis, Gerges, Maurce et Jea, mais bientôt, le petit groupe de copains d’enfance explose. Fils de milicien, Gerges devient policier et est contraint à la brutalité inique. Maurce et Jea rejoignent les rangs des rebelles, qui estiment que ceux d’en bas ont droit au même traitement que ceux d’en haut. Longtemps, Lucen parvient à ne pas prendre position. Et puis les événements se précipitent : Firmie tombe enceinte alors que la mère de Lucen fondait d’autres espoirs pour son fils, et Ludmilla, une jeune riche qui cherche la trace de sa gouvernante renvoyée, l’entraîne dans des actes illégaux prêtant à confusion. Lucen est bientôt activement recherché par la milice, il doit se cacher avec Firmie…

Habile également dans sa forme courte (L’Ecole est finie, collection Mini-Syros), l’écriture d’Yves Grevet atteint des sommets dans le style gros roman d’aventures touffu et glaçant. Vous l’aurez compris, nous sommes ici en filiation directe de Meto. Avec un environnement hostile et typé, quelques détails bien choisis – les habitants d’en bas ont des noms aux lettres tronquées, leur odorat est aiguisé au point qu’ils parviennent à se reconnaître… -, l’auteur reflète nos peurs les plus profondes, l’inconscient de nos cauchemars. Evidemment, nous sommes immédiatement captivés par cette atmosphère complète, solide autant qu'effrayante.

Là-dessus se greffe moult sentiments, quantité de rebondissements, et une valse narrative entre les personnages, certains s’exprimant davantage que d’autres, mais (presque) tous ayant leur mot à dire sur leur vision des choses, leurs craintes pour l’avenir. Il ne faut pas perdre de vue que ces héros jetés dans les conflits, la sexualité, le travail, ne sont même pas majeurs, selon nos lois d’aujourd’hui. Ludmilla fait alors figure d’oie blanche cherchant à s’émanciper. De fait, elle est touchante et intéressante aussi, car on devine son caractère de feu qui trouvera sûrement à s’épanouir dans les difficultés annoncées. Mais c’est bien la seule fille qui soit valorisée au fil de ce premier tome ; la petite sœur de Lucen, Katine, et Firmie restent cantonnées à des rôles secondaires pour le moment.

Lucen et Gerges tiennent le cœur du roman, l’un aspirant à une impossible neutralité, écoutant sa générosité avant sa raison, et l’autre fourvoyé au sein de la milice, indécis, perturbé. Soigneusement présentés, certains épisodes sanglants ou bien angoissants vont marquer le lecteur, peut-être encore plus que dans Meto car nous sommes ici dans un univers institutionnalisé, de violence admise. L’absence de mystère n’autorise même pas l’espoir… Les dernières pages cruelles font quant à elle merveilleusement fonctionner l’effet de suspense. C’est gagné, Monsieur Grevet, vous m’avez tenue en haleine durant quatre cent pages et brisé ma foi de petit lecteur… le tome deux se fera toujours trop attendre.

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Commentaires
F
Il est gé-ni-al ! Si tu veux oublier tout et te plonger dans un autre monde...
B
décidément il me fait trop envie !!!
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