Quatre Filles, journaux croisés (1890-1960) - Nine Antico

17 octobre 2012

Quatre Filles, journaux croisés (1890-1960) - Nine Antico

Quatre Filles, journaux croisés (1890-1960)

de Nine Antico

Albin Michel jeunesse – 2012

MOI : On est toutes de sorcières ? !

PAULA : Non, je ne crois pas... Tu voles sur un balai, toi

Dans sa riche famille, Lili aspire à un peu de fantaisie. Paula aime se retrouver à la maison avec sa mère, une fois la boutique de vêtements attenante fermée. Edie a hâte de devenir une adulte indépendante. Frankie mène une vie tranquille dans une maison qui sent le fabuleux cake au fromage de sa mère ; elle s'ennuie un peu.

Qu'ont en commun ces quatre filles, qui semblent vivre dans des villes et à des époques différentes ? Toutes lisent Les Aventures de Nelly Olson, et se retrouvent entre elles par le biais de ce roman. Elles s'encouragent, se donnent des nouvelles et des conseils. Sur une page gauche, chacune prend la parole à son tour (souvent interrompue par les autres !), tandis que la page de droite montre leur maison – populaire ou bourgeoise, c'est selon. L'illustration au crayon de couleur se veut joliment appliquée ; comme pour laisser place à l'imaginaire, on devine juste les silhouettes des jeunes filles. Les saisons se suivent et les maisons évoluent sous la neige ou en plein soleil. Les occupations des habitants changent aussi, de la leçon de bonnes manières à la lecture de magazines people. Un système de rabats nous permet de pénétrer avec curiosité dans leur quotidien : on ressent une impression excitante de maisons de poupées, et hop, c'est le plongeon dans l'enfance.

Un jour, Frankie lâche la vérité, découverte dans un album photos au grenier : les quatre filles sont apparentées, de génération en génération, de 1890 à 1960... Elles vont bien sûr grandir, et le roman qui sert de lien perdra alors de son intérêt. Si elle trouve sa fin, leur éphémère et jolie rencontre aura sans doute secrètement enrichi les demoiselles. Ou, comme dans Peter Pan, oublieront-elles leur enfance ? Seule Nelly Olson au regard facétieux pourrait peut-être nous le dire... Un délicat et désuet ouvrage qui raconte la mémoire et la condition féminine au fil du temps avec douceur.