Nina Volkovitch tome 1 : la lignée

De Carole Trébor

Gulf Stream – 2012

En 1948, Nina, quinze ans mais qui en paraît douze, habite avec sa mère, conservatrice de musée, à Moscou. Son père s’est enfui avant la guerre, mis en danger à cause de ses idées subversives. C’est alors au tour de la mère d’être arrêtée, envoyée dans un goulag sibérien parce qu’elle prétendait introduire l’art occidental dans les collections qu’elle gérait. Nina se retrouve dans un orphelinat d’enfants de « traîtres », récupérée, parce qu’elle dessine merveilleusement, pour la réalisation d’affiches de propagande. Aidée de sa professeur d’arts plastiques, décryptant des messages laissés par sa mère, la jeune fille va s’enfuir et revenir à Moscou. Vivotant alors avec deux gamins des rues, elle continue à suivre les indications et se retrouve dans un monastère, où on lui apprend que, issue de la longue lignée des Volkovitch, elle possède un certain nombre de dons dont elle va devoir apprendre à se servir.

Tome d’exposition, tome de premières actions qui posent les personnages importants, La Lignée vous accapare d’emblée : héroïne physiquement étrange, contexte politique à découvrir, brin de fantastique à comprendre sur fond de religion russe. Evidemment, on n’en saura pas beaucoup, mais suffisamment pour avoir envie de continuer ! L’auteure prend le temps, avec naturel, d’expliquer à son lecteur comment pouvait fonctionner la société russe du début de la Guerre Froide, très rarement mise en scène en littérature jeunesse. L’atmosphère en devient un peu lente, descriptive, et partant... glacée. Cela convient parfaitement au pays certes, au contexte politique encore, mais aussi à ce que ressent Nina, enfant-femme jetée dans des enjeux qui la dépassent complètement. La psychologie de la jeune fille n’est pas (encore) énormément développée, nous suivons juste son besoin essentiel d’amitié qui la conduira d’ailleurs à se fourvoyer. Ecrit simplement, au présent, le roman se lit presque d’une traite (dès 10-11 ans) et j’attends le second tome. Nous avons Staline dans l’actualité sordide de Nina, il nous manque peut-être Raspoutine dans le passé des Volkovitch ?? A noter : la couverture frappante et les tranches dorées : ça brille au soleil, Fantasia aime…

 

ninav