Si tu me tues, je te tue
de Djaan
Oskar Editeur – collection Court-Métrage – mai 2012
La maman de Lola (joliment nommée Virgule), est toute heureuse que sa meilleure amie, Naïma, soit venue habiter juste en face de chez elle. Un dîner est prévu ce soir. Oui mais voilà, Salem, dix ans tout comme Lola, gâche la petite fête avec une mauvaise humeur insolente et des réflexions sur le fait d'être halal (conforme à l'islam) ou haram (interdit). Il répète violemment qu'il faut lapider Virgule à la petite jupe pailletée, et même sa propre maman qui conçoit sa religion de manière souple et ouverte. On comprend que Salem est en fait endoctriné par un jeune homme désœuvré qui traîne autour de la mosquée. Au moins aussi futée que sa fille, Virgule conçoit un stratagème pour rendre Salem à la raison.
Raconté du point de vue de Lola, le court roman marque avec tout l'étonnement de la petite fille la découverte des dérives extrémistes, dans le cas précis de la religion musulmane. En effet, le jeune lecteur est en droit d'être effaré devant les paroles choquantes du petit garçon, et encore plus inquiet sur ce qui se passe dans la rue avec des « recruteurs » mal intentionnés. A l'inverse, il est immédiatement rassuré de constater que le gros des adultes (les parents, aussi bien de Salem que de Lola) maîtrisent la situation, et même parviennent à la renverser. Certes, si l'on reste dans le réalisme le plus complet, on a des doutes sur la fantaisie débridée et audacieuse de Virgule. Mais là n'est pas le plus important, puisque l'énergique maman atteint son objectif. La fin, très jolie et joyeuse, ferait ensuite presque oublier l'affreux dîner. Presque... car il faut continuer à veiller, être attentif aux libertés de chacun qui font celles de tous. Un roman bien écrit, finement vu, plein d'espoir, à mettre entre toutes les mains des 10-12 ans - avec discussion si besoin.