Si tu savais - Benoît Broyart
Si tu savais
de Benoît Broyart
Oskar Editeur – collection Court-Métrage – mai 2012
Un jeune narrateur poète à fleur de peau se morfond pour sa belle, Anaïs, nouvelle au lycée. Il vole dans une librairie Corps et biens, recueil de poésie de Robert Desnos, ce qui lui provoque un premier frisson d'interdit et de volupté. Puis, profitant de l'absence de son père qui fait des heures supplémentaires, il réfléchit. Il attend l'inspiration, il invente, il lit et relit son modèle, il peaufine... Et finit par obtenir un unique vers, qu'il trouve superbe (même après une nuit de sommeil, c'est un signe) : 'Aucun mot pour traduire le mouvement de ton corps dans la marche' Timide, craintif, il glisse alors sa petite enveloppe dans la trousse d'Anaïs. Il attend, guette sa réaction. Las, la très prosaïque demoiselle vient le voir, lui dit merci, mais que « entre [lui] et [elle], ce n'est pas possible ». (p. 34). Le monde s'écroule, avant, inévitablement, de rebondir...
Hyper-sensible, bourré de doutes, touchant mais surtout profondément adolescent, le narrateur se cherche, à la fois dans des poses « poète maudit », et dans une sincérité qu'il sait dangereuse. Le recueil de Desnos lui sert de balise, voire de baromètre de son humeur : en piochant au hasard parmi les pages, il fait coller le bout de poème sur lequel il tombe à sa situation du moment. Ce tout jeune homme dans sa bulle ferait un peu pitié, si on ne sentait finalement sa force de vie, et d'envie. Il n'aura pas de doux baiser d'Anaïs, mais la littérature s'ouvre à lui. N'était-ce pas le but profond de sa démarche ? D'une petite écriture serrée et courte, Benoît Broyart brode un moment de vie délicat, à faire découvrir aux esthètes !