Goodbye Berlin ! - Wolfgang Herrndorf
Good Bye Berlin !
De Wolfgang Herrndorf
Traduit de l’allemand par Isabelle Enderlein
Thierry Magnier – mai 2012
Maik est un élève de quatrième transparent, amoureux transi de la plus belle fille de la classe, jamais invité aux fêtes, pas forcément heureux entre son père dont l’entreprise a fait faillite et sa mère alcoolique. Et puis arrive Tschick, jeune Russe à la vie compliquée qui décide de prendre Maik pour ami. Grâce à lui, les vacances d’été s’annoncent musclées : il a volé une Lada et les deux garçons s’envolent sur les routes vers la Valachie. Ils vont faire des rencontres déjantées, et disserter des heures durant sur la vie, la mort, le temps qui passe (ah, les fameux « retraités beiges »…). Une sauvage et délurée Isa va toucher le cœur de Maik. Evidemment, le voyage finira dans les bras de la police, mais Maik sortira transformé de ces quelques jours hors du temps.
Le roman a connu un grand succès en Allemagne, et on le verrait bien par ailleurs adapté en film. Avec toute l’innocence de ses quatorze ans, le narrateur Maik est à la fois gentiment touchant, et lucide quand il nous fait part de sa vision du monde des adultes. Davantage cabossé par la vie, Tschick tient la figure du meneur débrouillard, mais pas moins enfantin dans le sens où l’amitié de Maik compte énormément pour lui. Ces deux héros vivent donc une histoire intensément absurde, sans que l’on sache si ce sont eux qui en déclenche le caractère délirant ou si c’est le monde qui est fou. Quasiment sans temps morts si ce n’est les souvenirs de Maik, les garçons fuient la police d’un point à un autre, aidés, accompagnés volontairement ou non par toute une galerie de farfelus sympathiques : les Aristos à vélos, la mère-Monopoly, l’orthophoniste hippopotame… La fin avec les cochons est une apothéose tragi-comique (qui m'a un peu mise mal à l'aise, mais c'est sans doute personnel), et le lecteur reste sonné de ce récit écrit sur un mode survolté en forme d’immense flash-back. Il faut se reposer un peu pour analyser l’effet un peu euphorisant de Goodbye Berlin !, « road-movie » qui prône la générosité et l’ouverture d’esprit en principes de vie. Etonnant.