La Faute de Rose

De Florence Cadier

Thierry Magnier – avril 2012

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Dans un petit village d’Irlande, Rose, fille de cafetier, tombe amoureuse de Sean, berger et surtout étranger. Ses parents lui interdisent de le fréquenter. Alors, sur un coup de tête, les deux jeunes gens décident de s’enfuir. Mais le patron de Sean est assassiné. Sean, qui se dit innocent, est bouleversé : l’escapade romantique devient course-poursuite avec la police…

Lorsque Rose nous parle, elle est dans un couvent des sœurs de Magdalène, après l’arrestation de Sean qu’elle espère toujours voir venir la sauver. Rebelle aux mauvais traitements, elle est souvent mise en cellule, et c’est là, pour ne pas devenir folle, qu’elle se rappelle le passé et partant nous le raconte. De Sean, on ne saura pas grand-chose si ce n’est la gentillesse et la tignasse rousse : Rose elle-même hésite à le croire innocent, ne sait plus, mais aime encore. Son récit est terrible du réalisme que l’on peut supposer de la ruralité à cette époque, méfiante, arriérée, dure. Nous sommes pourtant à la fin des années 60 (cf concert de Rory Gallagher), mais la jeune génération, représentée par les frères de Rose, mettra en ces lieux du temps à construire de nouveaux modes de vie. Le quotidien des sœurs de Magdalène est toutefois bien pire que celui chez les parents, et on pense immanquablement au beau film de Peter Mullan. Le reste de l’épopée n’est lui pas sans rappeler un Bonnie & Clyde, tout aussi tragique – Rose, inconsciemment, ne se dit pas tout et les dernières pages feront frémir… Complet, rapide, sobre, ce roman écrit à la première personne en courts chapitre impressionne d’emblée par son sujet ; Florence Cadier a su trouver la bonne approche et le tempo pour le rendre renversant. A offrir à tous les jeunes d’aujourd’hui, qui réfléchiront à la liberté dont ils disposent…

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