Parle-moi ! - Sarah Mlynowski
Parle-moi !
De Sarah Mlynowski
traduit de l'américain par Claudine Richetin
Albin Michel – collection Wiz – mars 2012
Sarah Mlynowski évoque pour moi une des premières auteures de chick litt pour adolescents traduites en français que j'ai lues : Sortilèges et sacs à main (Albin Michel, 2005) m'avait bien amusé avec son rythme endiablé et son humour frais. C'est donc avec un grand sourire que j'ai entamé Parle-moi ! Si je n'ai pas été déçue, je me suis toutefois trompée de registre : nous sommes non dans le grave, mais dans le doucement mélancolique d'une réflexion sur le temps qui passe et ce qu'on en fait...
Devi s'apprête à entrer à l'université tout en peinant à oublier le beau Bryan qui vient de la quitter. Après avoir fait tomber son téléphone portable dans une fontaine, elle se rend compte qu'elle peut appeler la Devi... d'il y a trois ans ! Elle va évidemment essayer d'en profiter pour arranger son présent, en modifiant le passé. Sur ses conseils, la jeune Devi évite Bryan, se met à travailler d'arrache-pied, soigne ses relations avec ses amies... Mais les conséquences seront parfois étranges, inattendues, et il faudra plus d'une fois redéfaire les actions de la jeune Devi pour que la vieille Devi se sente à l'aise. On saute d'une héroïne à l'autre, chacune parlant à la première personne : d'abord troublant, l'exercice prend vite de l'intérêt dramatique, puisque, en trois ans, la jeune fille a acquis des expressions, des tics de langage venus de ses expériences. Oui, il y a de l'humour, comme lorsque Devi gagne au loto grâce aux bons numéros que lui a donné son double, et qu'on se rend compte que cela a amené ses parents à divorcer, la mère se retrouvant avec un bellâtre beaucoup plus jeune qu'elle ! Mais il y a aussi des questionnements, de la profondeur : doit-on agir sur son destin de manière systématique ? Où se situe la limite entre une occasion à saisir et un balisage radical de son existence ? Quid d'une moralité quand on s'ingère dans les affaires des autres (ses copines) ? Au final, c'est assez perturbant, d'autant plus que les dernières pages restent en demi-teinte, sans leçon particulière, juste ouvertes sur... des possibles, justement. A essayer !