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Les riches heures de Fantasia
17 avril 2012

Sur les traces de Walipo - Yves-Marie Clément

Sur les traces de Walipo

D’Yves-Marie Clément

Seuil jeunesse – février 2012

Espagne, début du XIXème siècle. Brutalement orphelin, Gabriel part au Venezuela afin de rembourser les dettes de son père. Il devient soldat, chargé de mater en plein cœur de la forêt vierge les rébellions des Indiens autochtones. Mais sa rencontre avec la jolie Walipo va ébranler petit à petit ses certitudes. Peu bavarde, la jeune fille est une servante efficace, complètement en phase avec son environnement. D'abord séduit par sa beauté, puis admiratif de ses capacités, Gabriel comprend finalement sa révolte silencieuse.

C'est l'histoire d'un décillement, d'un retournement complet de vision du monde chez un adolescent intelligent et sensible. Pourrait-on transposer ce genre de personnages de nos jours ? Sans doute pas en ce qui concerne l'aspect de la colonisation forcée, mais certainement dans celui de la défense de la nature, du développement durable. Imperceptiblement, lentement, Gabriel se forge sa propre opinion et partant son destin. Plusieurs choix s'offraient à lui, y compris celui de rejoindre le mouvement des révolutionnaires par l'intermédiaire d'un chercheur d'or, père de substitution de ce tout jeune garçon. Mais son orientation sera autre. J'ai pensé à Candide qui tourne le dos au monde pour vivre dans son jardin, et la décision de Gabriel m'a un peu surprise. Il ne se veut pas acteur, préfère une harmonie personnelle, pas forcément égoïste mais certainement résignée. Soit... Narrateur, Gabriel exprime avec force détails ses réflexions et ses hésitations. Le procédé est sans doute un peu trop explicite – j'ai trouvé le rythme de l'intrigue par instants cassé -, mais il permet en même temps d'éclairer largement sur la période historique. Une période de conquêtes glorieuses, ici présentées sous leur jour le plus noir : Yves-Marie Clément dépoussière, étonne, donne à réfléchir et débattre autour de son surprenant héros.

 IMG_6678

« Je m’étais engagé pour conquérir le Nouveau Monde, pour montrer à ces rebelles la supériorité de notre peuple. J’étais convaincu que nous étions forts, les plus forts. Nous étions la civilisation, et moi, j’étais censé représenter cela. J’étais une graine de héros qui allait rétablir l’ordre, chasser les rebelles. […] Aujourd’hui, un monde nouveau s’ouvrait à moi, si différent : celui de Walipo. L’Indienne, légère et libre comme le vent, m’ouvrait doucement la porte de son univers. Et j’étais là, à la limite de mon ancienne vie et d’une nouvelle existence. J’étais là, hésitant. Aurais-je la force de changer de vie ? Le monde que j’avais eu tant de mal à construire venait de s’effondrer sous mes pieds. » (p. 71)

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