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Les riches heures de Fantasia
3 avril 2012

Les Papillons de la Lena - Christian Garcin

Les Papillons de la Lena

De Christian Garcin

Ecole des Loisirs – collection Medium – mars 2012

« Le battement d’ailes d’un papillon à la source de la Lena peut suffire à provoquer un combat de bœuf musqué à son embouchure. »

Fantasia avait adoré Aux Bords du lac Baïkal, dont Les Papillons de la Lena pourrait être la suite. A Dianda l'Esprit du Grand Lac succède Goritsa la Divinité du Grand Fleuve, capable de prendre toutes les formes possibles pour surveiller les activités de la faune qui peuple le fleuve et ses abords. Il y a le papillon Anastasia Fanfreluche, l'esturgeon Ossoufri Laboda, l'écureuil Mitrofane Stakhanov, l'éphémère Mimolette Perséphone... Chacun possède son petit caractère, ses qualités et ses défauts. Ils ont mille et une choses à faire durant la journée, d'une importance pour eux capitale : nourriture et reproduction sont en général aux cœurs de leurs préoccupations, ce qui ne les empêche pas d'éprouver par ailleurs toute une gamme de sentiments très humains.

Le récit est assuré, selon les dires de Christian Garcin, par un jeune Chinois, lui-même personnage récurrent de l'oeuvre de l'auteur. Avec à la fois la distance méticuleuse d'un scientifique et l'empathie d'un poète, ce narrateur n'hésite pas à faire parler les animaux (« je » ou dialogues) et on prend vite très au sérieux ce merveilleux. D'ailleurs, comme il est répété à l'envi dans chacune de ces dix petites histoires, les animaux ne font pas la différence entre rêve et réalité, l'un étant conçu comme prolongement de l'autre.

C'est souvent drôle, toujours émouvant, avec en arrière-plan l'idée d'un environnement devenu rare à préserver (cf le marquage des esturgeons qui râlent qu'on les déplace). Enfin, alors qu'Aux Bords du lac Baïkal ne faisait qu’égrener, présenter des personnages – et on en retrouve certains ici -, Les Papillons de la Lena introduit une progression, une sorte de boule de neige qui grossit de chapitre en chapitre, autour d'un bout de bois flottant en forme de lapin : l'idée fantasque éblouit par sa malice et captive jusqu'au bout. Et finalement, du plus petit insecte à l'énorme mammifère, c'est toute une chaîne harmonieuse qui se déploie : la briser serait un affront à Goritsa...

 

2012-03-27 13

 

« D’ailleurs il faut bien avouer que [l’aigle] Lelio Lodoli n’avait pas vraiment de ‘point fort’, si ce n’est de planer et voler sans se préoccuper de la suite. Et aussi celui de dormir, le plus souvent d’un sommeil de plomb – et parfois même de faire simultanément l’un et l’autre, c’est-à-dire dormir tandis qu’il volait et planait, ou bien rêver qu’il volait et planait tandis qu’il dormait, puisqu’il est bien connu que pour Lelio Lodoli, comme pour tous les animaux de la région du Grand Lac et d’ailleurs, à l’exception toutefois des animaux humains, le rêve et la réalité n’étaient pas vraiment distincts (et lorsqu’il volait et planait et dormait et rêvait qu’il volait et planait, on peut tout aussi bien dire que tout rentrait, finalement, dans l’ordre). » (p. 16)

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