Nuit tatouée (La Peau des rêves tome 1) - Charlotte Bousquet

Nuit tatouée (La Peau des rêves, tome 1)

de Charlotte Bousquet

L'Archipel – collection Galapagos - 2011

Dans un Paris apocalyptique, le clan de Mens auquel appartient Cléo a investi un ancien théâtre. Le danger est partout : Dégénérés cannibales, « ceux-d'en-dessous » qui vivent dans le métro, bêtes sauvages, Mutants aux dons surnaturels, Chimères mi-humaines mi-animales. Aucun groupe ne supporte l'autre et c'est la guerre permanente pour la simple survie. Cléo subit aussi des agressions en interne : Tybalt a jeté son dévolu violent sur elle, et elle s'interroge sur sa différence, un tatouage de dragon qui lui viendrait de sa petite enfance, avant la mort brutale de ses parents. Elle part chercher des réponses dans la ville, et rencontre Lyn, Chimère ailée qui lui ressemble étrangement.

Ce premier tome d'anticipation insiste finalement peu sur l'aspect « destruction de la planète », et se concentre sur le ici et le maintenant avec une héroïne traditionnelle mais attachante. Cléo est différente des autres, éternelle caractéristique qui la rend aussi plus intelligente, interrogative de sa vie, son clan, la société dans laquelle elle évolue. La jeune fille aime lire de vieux ouvrages trouvés dans le théâtre : Shakespeare, Rostand (Cyrano), Racine la nourrissent mieux que les ragoûts de racines et de rat. Elle trouve d'ailleurs des parallèles entre ces tragédies classiques et son actualité. Car bien sûr, il y aura l'amour impossible, pour l'instant juste esquissé, la Chimère sous les traits du bel Axel qui appartient à un clan radicalement opposé à celui de Cléo.
De son écriture particulière, à la fois dure et attentive, Charlotte Bousquet dresse un monde dont on ne voudrait évidemment pas, mais qui ne peut s'empêcher de nous envoûter. L'histoire de Cléo est incise dans le récit d'une conteuse gitane, prisonnière qui veut se sauver à la façon d'une Shéhérazade. De fait, l'action prend son temps, telle une tragédie justement, qui sait où elle va donc n'a pas besoin d'accélérer sauf pour faire frissonner le lecteur.