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Les riches heures de Fantasia
12 mars 2012

L'Enfant nucléaire - Daph Nobody

L’Enfant nucléaire

De Daph Nobody

Sarbacane – collection X’prim – février 2012

Jiminy Waterson porte un don, ou plutôt une malédiction : grâce à l’acidité de sa salive et de ses sucs gastriques, il peut avaler absolument n’importe quoi. Eau de javel quand il est bébé, ordures quand il est enfant, puis tout ce qui peut impressionner un public quand il est adulte. En effet, sous la houlette de son meilleur et seul ami Alex, Jiminy a mis au point un show qu’il réalise deux fois par jour dans un restoroute miteux. Jiminy se pose des questions sur le sens de sa vie, jusqu’à la rencontre avec Leia, qui (indirectement) lui fait avaler des déchets d’une centrale nucléaire…

Epouvantable ! Ce roman est épouvantable, mais dans le bon sens du terme. Jiminy fascine complètement le lecteur, on suit ses aventures racontées par un narrateur externe impassible dans une sorte d’attraction morbide, d’écoeurement nauséeux. Après Blood bar et sa population friande de sang(s), Daph Nobody continue d’interroger les travers, les exagérations de notre société prête à tout pour quelques frissons. Le monde est une foire, un cirque sanglant dont profitent quelques-uns, en l’occurrence ici des politiciens sans scrupules qui vont instrumentaliser Jiminy. Et le « monstre », l’incompris, souffre de sa différence, de son succès qu’il voudrait rejeter. La construction m’a un peu fait penser à Robert Altman, une succession de scènes avec des personnages désenchantés qui au départ n’ont rien en commun, puis vont finir par se croiser. Mon épisode préféré reste celui de la « respiration d’Ava », modèle de l’incompréhension au sein d’un couple, de la violence sous-jacente dans tout rapport humain. Je ne peux pas dire que j’ai « aimé » L’Enfant nucléaire, le terme ne convient pas. Mais je suis restée complètement époustouflée par la virtuosité de l’auteur, qui nous promène par le bout du nez dans son roman fourmillant, foisonnant et intelligent. Ecrit entre 1997 et 2011 ( !), l’ouvrage aurait sans doute d’ailleurs été plus gros sans un travail éditorial (cf les scènes coupées en bonus à la fin). Daph Nobody a beaucoup à dire, et il le dit avec… un certain sens des affres liées à notre pauvre petite condition de mortels !

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Oui, oui, ce sont bien les papattes de Fantasia qui considère tout ça avec circonspection...

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Commentaires
F
Il vaut mieux avoir le coeur bien accroché !
M
Ah, je trouve l'idée bougrement originale. Mais je ne suis pas sûre qu'il me tente. Pas dans l'immédiat, en tout cas. ;-)
F
Oui. C'est un bel exercice de style, avec un contenu quand même, mais je suis d'accord : comment le conseiller ??
B
je reste septique surtout pour un public en bibliothèque...
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