Jade, fille de l’eau
De Nina Blazon
traduit de l'allemand par Nelly Lemaire
Albin Michel – collection Wiz – janvier 2012
Dans un monde apocalyptique gouverné par la Lady, Jade et son père tiennent tant bien que mal un vieil hôtel. La vie est dangereuse, il faut échapper aussi bien aux chasseurs de la Lady qu’aux Echos, créatures aquatiques surnaturelles. Arrivent deux hommes du nord accompagnés d’animaux sauvages en cage. Ils logent à l’hôtel, et Jade se rapproche peu à peu du jeune Faune. Mais il est bien connu que ce sont les contraires qui s’attirent…
L’univers créé ne se découvre que peu à peu, perturbé par des légendes du bord de l’eau qui cachent de lourdes vérités régies par des sentiments eux très « humains ». L’intrigue suit des moments de calme envoûtant qui alternent avec des scènes d’action fortes, piégeant le lecteur jusqu’au bout. Jade hésite, aime, suit son instinct et nous sommes fascinés. On n’adopte pas vraiment cette héroïne suivie par un narrateur externe, j’ai davantage ressenti pour elle une sorte de curiosité effrayée. Quant à Faune, il reste un vrai mystère, capable du meilleur comme du pire, versatile au possible.
Jade, fille de l’eau n’est pourtant qu’une banale histoire de querelle de pouvoir et de rébellion. Le fantastique singulier qui l’enrobe fait complètement oublier cet aspect commun. L’idée de l’eau et de ses reflets est particulièrement bien choisie car la notion de dualité, de bien et de mal dans une même personne interroge l’homme depuis l’Antiquité. Tout comme dans La Femme du vampire et La Nuit des pantheras, Nina Blazon n’a pas voulu faire un roman purement d’aventures addictives. Elle a choisi une approche davantage « sociologique », mettant en regard le poids des croyances, des superstitions, avec celui d’une liberté de penser, parfois chèrement gagnée. Un ouvrage solide et profond.