Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les riches heures de Fantasia
9 février 2012

Je m'appelle Mina - David Almond

Je m’appelle Mina

De David Almond

Traduit de l’anglais par Diane Ménard

Gallimard jeunesse – janvier 2012

 

« Comment un oiseau, né pour la joie, peut-il rester enfermé dans une cage et chanter ? » (William Blake)

Mina vit seule avec sa mère. Nous ne savons pas son âge, nous ne savons pas comment a disparu son père. Mais nous savons qu’elle aime les oiseaux, William Blake, jouer avec les mots. Et qu’elle déteste l’école, surtout depuis « le jour des évaluations » où sa rédaction fantaisiste « Blablibertysnark » a provoqué le courroux de sa professeur. Depuis, Mina suit des cours à la maison, dans un cocon solitaire et enfantin qui la rassure. Personne ne cherche plus à la « déstrangifier ». Soutenue par une mère attentive, elle apprend par le jeu, par la nature, par l’imaginaire ; elle invente de jolies « activités hors-piste » destinées à ouvrir l’esprit à la beauté du monde.

La narratrice Mina n’est pas faible d’esprit, pas handicapée, mais assurément inadaptée à notre monde uniforme. Ce sont d’ailleurs sa sensibilité et sa vive intelligence de ce qui l’entoure qui la rendent telle qu’elle est, à quoi s’ajoute peut-être un traumatisme passé autour du père (elle s’interroge beaucoup sur les enfers, sur le temps qui passe). En tout état de cause, elle est une vraie philosophe en herbe, curieuse de notre place sur terre, capable de poser un problème de façon novatrice et d’élaborer des théories, toujours liées à la nature. Mina se voudrait esprit qui vole dans le ciel, Mina adore le goût de la banane et des spaghettis pomodoro. Ce long journal intime nous la montre dans sa complexité, dans sa créativité aussi : caligrammes, jeux de langage, rédactions à la troisième personne pour apprivoiser les émotions fortes… une artiste sincère et simple. Dans le récit, il ne se passe rien – juste une ouverture finale -, mais le lecteur ressent tout. Uniquement à travers la façon poétique d’écrire et les petits centres d’intérêt de l’héroïne, David Almond réussit à nous faire comprendre qui elle est, fragile et subtile. Il fallait oser, c’est tout à fait réussi puisqu’on oublie très vite l’auteur qui est derrière Mina. Faussement enfantin, ce beau roman s'appréciera à partir de 14/15 ans.

Pour aller plus loin : J’ai beaucoup pensé à la petite Angeline des Poissons dans la tête de Louis Sachar, et bien sûr au premier roman jeunesse de David Almond, Skellig, dont Mina était un des personnages secondaires. La boucle est bouclée pour un auteur atypique et doué, autant que son personnage !

 IMG_6497

IMG_6502

 

 « Activité hors piste.

Emmenez une ligne en promenade. Trouvez ce que vous dessinez une fois que vous l’avez dessiné.

Emmenez des mots en promenade. Trouvez ce que vous écrivez une fois que vous l’avez écrit.

Emmenez-vous vous-même en promenade. Trouvez où vous allez une fois que vous êtes arrivé. » (p. 301)

« Activité hors piste.

Ecrivez un poème qui répète un mot, répète un mot, répète un mot, répète un mot, jusqu'à ce qu'il perde pratiquement son sens.

(Il peut être utile de choisir un mot que vous n'aimez pas, qui vous effraie ou vous dérange). » (p. 101)

Publicité
Publicité
Commentaires
L
J'ai pas résisté, je l'ai acheté et il me fait TROP envie !
M
Celui-là, on en parle de plus en plus, et il me tente vraiment beaucoup !
G
lu et a-do-ré cet après-midi!
F
> Bauchette : peut-être parce que je suis en train de lire l'office que nous a concocté notre libraire jeunesse ? ;-)<br /> <br /> > Clarabel : on aimerait tant avoir sa légèreté...
C
je l'aime ! :)
Les riches heures de Fantasia
Publicité
Les riches heures de Fantasia
Publicité