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Les riches heures de Fantasia
2 février 2012

Rencontre avec Michel Othoniel

Vendredi 30 novembre 2011, 13h45 : je quitte l’université, je ne sais pas où je vais mais j’y vais. Je file, vers Paris, vers le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse. Je suis la ligne 9 direction Mairie de Montreuil, arrêt station Robespierre. C’est par ici, l’entrée avec accréditation. Par là, à droite dans la ruelle, puis la première à droite. J’y suis, je rentre dans le salon, il fait chaud, j’étouffe, c’est la chaleur des artistes au travail. Je traverse les allées bondées du salon, les artistes s’exposent, les illustrateurs peignent ou dessinent. La dame de l’accueil me fait signe : c’est encore par ici. Où suis-je ? Au théâtre. Quel théâtre ? Au petit théâtre de Peau d’Ane. Non, ça c’est le livre, là où je suis c’est le théâtre C du hall 1 du salon.

15h : devant moi les enfants, les élèves de 6ème du collège Paul Valéry (Paris, 12ème). Et sur la scène : Marie Desplechin et Jean-Michel Othoniel pour une rencontre. Othoniel, Othoniel je connais, Centre Pompidou, mai 2011-My Way- exposition les perles en verre soufflé. Mais oui je connais. Jean-Michel Othoniel est ici l’illustrateur du livre et Marie Desplechin a retranscrit avec ses mots la façon dont celui-ci est devenu artiste. Mon petit théâtre de Peau d’Ane (Editions Courtes et Longues, 2011) est un bijou aussi fragile que les perles de verre soufflé mais qui contient une force qui vous emporte dans les méandres de la création. Où les idées tourbillonnent où les rencontres se font au gré du hasard. Un livre qui montre la genèse d’une création, montre comment une idée créative est née et s’épanouit au fil du temps, comment elle s’étoffe de vécu.  

jaqPeauAne

Pourquoi Peau d’Ane ? Une élève me vole mes mots : « Pourquoi avoir écrit sur le conte de Peau d’Ane ? » demande-t-elle. C’est un film qui a marqué l’enfance de Jean-Michel Othoniel autant que la mienne. « Ce conte comptait beaucoup pour moi car c’est le premier film que je suis allé voir au cinéma […] C’est également ma rencontre avec Pierre Loti et son petit théâtre de Peau d’Ane cent ans auparavant qui m’a donné envie de devenir artiste » précise J. M. Othoniel. « Et comment vous est venue l’idée de faire ce livre ?» rétorque un autre collégien. « L’idée est née de mon exposition au centre Georges Pompidou. C’était une rétrospective qui représentait 20 ans de travail. Et il y a eu ce projet de la Galerie des enfants [du Centre Pompidou], ce fut un premier contact avec les enfants. Marie Desplechin a  alors été une « clé »  pour pouvoir aborder le monde de l’enfance »

Le rideau s’ouvre, je vois les lumières qui scintillent à travers le bateau de larmes. Les perles brillent, la petite musique retentit, le théâtre s’anime. « Combien de temps vous a pris la construction du bateau des larmes ? » demande-t-on. « Beaucoup de temps, affirme-t-il. J’ai trouvé un bateau sur le bord d’une plage lors d’un voyage à Miami, abandonné par des gens qui quittaient l’île où j’étais. Je leur ai racheté le bateau car cet objet je le trouvais très beau, il me touchait, me bouleversait en même temps qu’il était triste. Six ans après cette découverte j’ai voulu rendre hommage à ces gens ».

bateau

Dans les cinq premières minutes les rôles sont distribués. Marie Desplechin incarne la maman complice. «  Est-ce que vous avez des enfants ? » demande untel. « Est-ce que vos fils jouent aux jeux vidéo ?» tente un autre. La préoccupation de l’école se devine dans leurs questions : « est-ce que vous étiez forte à l’école ? » demande-t-on à Marie Desplechin. Cette complicité a probablement été acquise par les enfants au fil des lectures des ses romans. «  Est-ce que tu as eu une enfance difficile ? » propose un des jeunes. « Pourquoi tu poses cette question? » s’exclame l’écrivain. Elle conclut «tu demandes cela parce que j’ai écrit des livres pour les enfants ». « C’est super intelligent ces questions, c’est une classe de philosophie » lance-t-elle enjouée !

Pour Michel Othoniel, les questions posées par les enfants sont de l’ordre du sensible (le choix de la transparence, ses inspirations). Les enfants l’interrogent aussi sur les aspects techniques du verre soufflé. L’identification est rude, les enfants n’arrivent pas à voir en Jean-Michel Othoniel le père qu’ils voudraient et posent un regard plus admiratif et distancé sur lui. Sur ses inspirations, un élève le questionne encore : « est-ce que quelque chose vous inspire le plus dans votre métier ? ». Jean Michel Othoniel s’explique : « plein de choses m’inspirent : des choses plus claires, des choses plus compliquées, des choses qui m’échappent. Créer c’est comme pour offrir un cadeau aux autres. Je trouve mon inspiration dans les autres, mes idées ne naissent dans toutes seules dans la tête». Une jeune fille qui a été récompensée par un prix littéraire du collège l’interpelle sur « la peur de l’inconnu ».

16h30 : le rideau se baisse, les artistes saluent leur public, la petite musique se coupe, le petit théâtre s’arrête, les lumières s’éteignent.

Au hasard d’une rencontre, dans le théâtre du salon j’ai croisé une classe face à deux artistes. J’ai été happée par une musique, une musique lointaine. Dans cet espace clos, un moment de grâce. Le temps s’est arrêté. Des questions pertinentes et spontanées, les enfants ont donné la réplique à deux artistes. Il y avait là à écouter puis à retranscrire.

Au hasard d’une rencontre, j’ai découvert une petite perle que je vous invite à lire. Mon petit théâtre de Peau d’Ane a reçu la pépite du livre d’art, prix littéraire du salon de la Presse et du livre Jeunesse de Montreuil 2011.

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Emilie Vigarié (Master1 PE - Université Versailles-St-Quentin)

 

Fantasia à l'Université

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