Les Revenants
De Laura Kasischke
Traduit de l’américain par Eric Chédaille
Christian Bourgois – septembre 2011
22 euros
Les histoires de campus finissent mal en général. Les Revenants ne déroge pas à la règle, démarrant par un accident de voiture mortel et se terminant en de sordides et complexes histoires de manipulation sur fond de sororité. Si Laura Kasischke laisse bien soupçonner tout au long du roman que la blanche colombe pourrait bien avoir les ailes salies, le lecteur sera de toute façon loin d’imaginer la vérité... Par moments, l’atmosphère devient même fantastique, complètement envoûtante.
La construction s’apparente à celle d’une enquête qui voudrait soulever les incohérences de l’accident de Craig et Nicole, survenu l’année précédente et qui hante encore le campus. Une jeune professeur stagiaire, poussée par un ami de Craig, se sert de cette matière pour initier une étude universitaire sur la rumeur et la mort. Une autre professeur, témoin visuel du drame que personne ne veut croire, se plonge aussi dans les hiatus de la soirée, suite à un grave différend avec une étudiante qui la piège.
Au-delà de l’intrigue principale digne d’un roman policier, la vie des personnages adultes se déploie en détails, et ils apparaissent ballotés, pas heureux, heurtés par le cynisme des jeunes étudiants – à quelques exceptions près. C’est fascinant, interrogateur, humain, tellement humain…
Ecriture dense et riche qui n’exclut pas quelques petites pointes d’humour fin, va-et-vient entre le présent désenchanté et un passé éclairant, Les Revenants se dévore à la façon d’un thriller en même temps qu’il se fait (presque) étude sociologique. Le campus en microcosme de notre société…